Une trilogie dans l'ombre de la précédente

Franchement, quand j'ai su que la première oeuvre culte de Tolkien, Le Hobbit, allait être adaptée en films par le même réalisateur qui a réalisé ce chef d'oeuvre qu'est la trilogie du Seigneur des Anneaux, j'étais vraiment enthousiaste. La bande-annonce donnait envie, le film allait se montrer à la hauteur de la précédente trilogie. Et puis au lieu de deux films, on a divisé l'aventure de Bilbo en trois. J'étais perplexe. Le premier film m'a quand même ôté quelques doutes.

Je sais que beaucoup forcent la comparaison avec la précédente trilogie en considérant cette nouvelle comme une "préquelle" et mon point de vue, c'est qu'à cause de cette comparaison, Le Hobbit est dans l'ombre de LSDA et il aurait dû être fait avant. Parce que PJ, en revenant en Terre du Milieu, essaie tant bien que mal de "faire" comme LSDA mais n'y arrive pas, parce qu'il est "le cul entre deux chaises" comme le dit l'expression : d'un côté, il essaie de retranscrire le côté plus enfantin de cette histoire et de l'autre, il essaie de faire des liens "sombres" avec LSDA.

Les reproches qui ont été fait à ce premier film sont aussi d'autres ordres : la lenteur a souvent été décriée. Il est vrai que pour chaque premier opus d'une trilogie en Terre du Milieu, le temps est beaucoup pris. On a une longue introduction avec tout ce que cela implique : présentation du background, des différents personnages, contextualisation, clins d’œil à la précédente trilogie, mêlé à des chansons qui sont présentes dans le livre, mention spéciale à "The Misty Mountains", une chanson réussie dont l'instrumentale est le thème principal du film (mais pas des suivants...pourquoi ?)

L'autre reproche qui a été fait au film est le côté "parodique" du Seigneur des Anneaux.Comme je l'ai dit, il est vrai que souvent, le film force la comparaison, avec la réapparition d'anciens personnages (Saroumane, Galadriel, Elrond) mais d'autres pleinement justifiés, notamment la scènes des énigmes avec Gollum qui est l'une des grandes réussites du film. Et je suppose que le côté "parodique" dénonce les scènes souvent ridicules, comme le coup du surf dans la grotte des Gobelins. L'humour marche parfois, d'autres fois non.

Ce côté mélange de sombre et d'enfantin est tout de même assez présent. Après, dans les qualités techniques, on peut toujours citer la réalisation et mise en scène made in PJ avec une différence notable : "l'abondance de numérique". Si les décors extérieurs sont quand même privilégiés aux fonds verts, les Orques maquillés deviennent des Orques en numérique. Un changement sûrement justifié qui n'a pas plus à tout le monde.

Mais, pour moi, le livre a bien été adapté. J'y ai retrouvé cette sorte d'ambiance mêlée à une certaine maturité, bien que l'équilibre ne soit pas totalement obtenu. Les thèmes abordés sont intéressants (l'envie de voyage, le libre-arbitre) et la quête des Nains est assez plaisante pour être suivie. Martin Freeman assure en Bilbo, je le préfère même à Frodon et Thorin est un chef Nain charismatique. Je trouve par contre dommage que les autres Nains, à part Balin, soient effacés de la sorte, mais c'est encore pire dans le livre : 15 personnages, ça fait beaucoup pour pouvoir tous les traiter.

Le Hobbit est donc un film long, assez chargé et qui malheureusement ne parvient pas à atteindre le niveau de l'ancienne trilogie. Cependant, sans comparaison, il reste un divertissement de qualité agréable à voir. De ce fait, c'est un film mémorable d'une autre manière.