Le Lac des Cygnes
6.8
Le Lac des Cygnes

Long-métrage d'animation de Kimio Yabuki (1981)

Six ans après Marina, la Petite Sirène, les studios Toei Animation décidèrent d'adapter un autre conte.

Cette fois-là, ils ne se penchèrent pas sur les pages d'un livre mais sur celles d'une très fameuse partition musicale.

En effet, après avoir fait pleurer les enfants avec la tragique histoire de l'héroïne d'Andersen, Toei Animation semblait vouloir attirer et faire pleurer les mélomanes dans les salles car ils choisirent d'adapter le fameux et tragique ballet Le lac des Cygnes en film d'animation basé sur la célèbre musique de l'incontournable Piotr Ilitch Tchaïkovski.

_Petite pensée pour tous ceux qui ont essayé de prononcer le nom correctement_

Avec tous ces aspects établis, on aurait pu penser que le film serait d'une qualité incontournable et deviendrait culte.

Malheureusement, ce ne fut pas le cas.

Alors que l'on aurait pu espérer une certaine qualité et un film proche de l'esprit sombre de Marina, la Petite Sirène, Le Lac des Cygnes de Toei Animation est, au contraire, bien trop infantile par rapport à un ballet incontournable auquel il est loin de faire honneur.

Au sujet de la musique, rien à dire, c'est celle du ballet de Tchaïkovski qui restera toujours magnifique et comblera nos oreilles à chaque écoute.

Toutefois, il n'était vraiment pas nécessaire d'insérer des chansons cucul la praline qui sortent de l'histoire dès qu'elles surgissent de nulle part.

Par contre, en ce qui concerne le film en lui-même, il y a plus de mal que de bien à dire.

En effet, alors que l'on aurait pu croire à une qualité d'animation améliorée depuis Marina, la Petite Sirène car six ans se sont écoulés entre les sorties des deux films, il arriva le contraire;

les mouvements des personnages manquent de fluidité, les designs sont encore plus minimalistes que Marina, la Petite Sirène sorti pourtant six ans avant, à l'exception du morbide et imposant château de Rotbart, les décors, bien que jolis, manquent énormément de perspective et les sons et bruitages, si on excepte les sortilèges et les galops des chevaux, sont pratiquement inexistants.

En gros, l'esthétique du film ressemble à celle des années 70 alors que celui-ci date pourtant du début des années 80.

Maintenant, passons aux personnages. Fini le méchant Rotbart qui enlève et transforme les jeunes filles en cygnes juste par plaisir de torturer ces dernières. A la place, vous avez un clown pseudo-amoureux d'Odette qu'il a transformé en cygne parce qu'elle voulait pas de lui et qui est devenu un geignard pleurnichard râlant chaque fois qu'Odette refuse de l'épouser.

Même du côté des gentils, ça va pas. Le Lac des Cygnes fait du sous-disney en nous imposant deux écureuils comic-reliefs envahissant le récit en mode je t'aime-moi non plus retardant ainsi inutilement ce dernier (à côté d'eux, les gargouilles de Le Bossu de Notre-Dame sont hilarantes). Résultat, ils font de l'ombre à Siegfried et Odette censés être les personnages principaux.

Puisqu'on parle d'eux, mon dieu qu'ils sont ennuyants! Odette est une quiche geignarde et Siegfried est un niais abruti. Leurs scènes ensemble sont tellement brèves que, contrairement au ballet, ils n'ont pas de véritable alchimie faisant que la peine qu'on avait pour Odette quand Odile manipule Siegfried dans le ballet est devenue inexistante.

Puisqu'on parle d'Odette: regardez ces images, vous aurez probablement une impression de déjà-vu

Voici l'héroïne éponyme

https://i.pinimg.com/originals/7c/73/c0/7c73c0401e119ff8af2a8c85432ca18c.jpg

Voici maintenant l'héroïne d'un autre film de Toei Animation sorti six ans plus tôt

http://1.bp.blogspot.com/-FVBP0st3a7w/UYU9c39UIGI/AAAAAAAAA8Y/yvhRsx0mQbY/s1600/marina+11.jpg

Vous ne rêvez pas. Ils ont repris et à peine modifiés le design de Marina pour "créer" Odette en pensant qu'on serait assez cons pour rien remarquer. Face à ça, je dis

https://youtu.be/3aG0LRSn9Po?t=6

En ce qui concerne les autres personnages, ils n'ont que très peu de relief. On se contente de l'ami débile, le pote inutile, le ministre qui sert à rien, la mère bornée et les Princesses figurantes.

La seule qui se démarque des autres, c'est la fille de Rotbart: Odile. Véritable méchante sorcière perverse et manipulatrice bien plus charismatique que son père doublée par une Catherine Lafond semblant prendre énormément de plaisir à jouer une méchante.

Puisqu'on parle du casting: si Philippe Ogouz, doublant Siegfried, n'a pas un rôle très intéressant, ce n'était pas une raison pour être constamment en sous-jeu et caricatural. Sérieusement, son interprétation est proche de ça

https://youtu.be/hPKCGeBwstI?t=15

Céline Monsarrat, bien que doublant également un personnage creux, s'implique plus dans son interprétation et rend Odette un minimum crédible au point qu'elle en devient supportable.

En ce qui concerne Rotbart, bien que le personnage fasse trop cartoon, George Atlas arrive à le rendre assez vivant pour qu'on l'apprécie malgré son aspect geignard. De plus, il y a certaines scènes où Rotbart cesse d'être ainsi pour se révéler être jouissevent menaçant et dangereux quand le scénario l'exige.

Hélas, malgré ces quelques qualités, en dehors des défauts cités, le film commets un acte impardonnable. Vous vous souvenez du ballet se terminant tragiquement par les morts des protagonistes? Et ben dans ce film...

POUBELLE!

Le film fait clamser Rotbart et Odile pendant que Siegfried et Odette ont droit à leur happy-end neuneu digne des Disney. Oui, Toei Animation qui avait respecté la fin originale du conte La Petite Sirène en assumant ce choix a abandonné la fin tragique originale du ballet pour en faire une fin convenue.

Pour ceux qui connaissent pas le ballet de Tchaikovski, c'est une fin comme une autre mais en ce qui concerne les autres, il est impossible de passer outre, ce qui laisse un goût amer après le visionnage.

Malheureusement, malgré ces quelques qualités, le film est tout juste correct ou bien sans plus si on peut tenter d'être indulgents.

Bref, Le Lac des Cygnes n'est pas un film exceptionnel mais se regarde pour la détente.

Par contre, si vous êtes un puriste du ballet de Tchaikovski, ce film ne fera pas votre bonheur et il est préférable que vous cherchiez une meilleure adaptation ailleurs.

A vous de choisir.

BlackBoomerang

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