Beaucoup espéraient de L'Iris blanc quand il s'est fait savoir que Ferri avait quitté le navire pour être remplacé par Fabcaro; auteurs de nombreux livres cultes aussi bien hilarants qu'intelligents.

A-t-il réussi à faire un Astérix dans un registre digne de son talent?

Hélas non.

Pourtant, les premières pages commençaient bien avec des répliques dignes de celles qu'on aurait pu retrouver dans Le discours ou Le journal d'un scénario.

Malheureusement, par la suite, l'album part dans des discours très discutables sur les valeurs d'un monde nouveau en mode "C'était mieux avant." ou qu'être non-violent, c'est être un mou-du-genou. Sans compter quelques remarques machos dispensables.

Après, il y a une certaine critique de l'hypocrisie avec de beaux discours flatteurs proches du lavage de cerveau et le fait que rester positif au sujet de tout et n'importe quoi peut faire de nous des victimes faciles pour les gens aux mauvaises intentions cachant leurs fourberies derrière de belles paroles pour nous manipuler malgré nous. Cependant, les propos de cet album sont dit de manière tellement bizarre qu'on ne sait pas quoi penser et ne pas réellement comprendre ce que ça veut nous dire. Cependant, le fait que ce soit fait à des travers des remarques sur la non-violence ou sur le fait qu'il faut éviter de manger moins gras a de quoi laisser perplexe.

Pourtant, L'iris blanc a des qualités. Le personnage de Vicévertus est un bon méchant vicieux beau parleur et négociateur rappelant Prolix de Le Devin et Caius Saugrenus de Obélix et Cie flattant les gaulois à travers des beaux discours et leur faisant des fausses promesses sur l'épanouissement personnel à travers un stratagème fourbe. Il y a des jeux de mots dignes de Goscinny ainsi que de bonnes punchlines à la Fabcaro fonctionnant bien entre elles. Le fait que les héros doivent faire face à un nouveau danger sans la Potion Magique a de quoi inquiéter le lecteur. De plus, il est rafraîchissant de voir Astérix être toujours aussi malin tout en faisant face à un adversaire aussi intelligent que lui; le tout dans des affrontements frontaux sans violence.

De plus, des clins d'oeil sont subtilement fait à des albums de Goscinny sans que ça ne soit envahissant et nous avons droit à des hilarantes remarques de citadins se moquant de la petite bourgeoisie dignes de celles qu'on retrouve dans Le Domaine des dieux ou encore Astérix et le chaudron.

Malheureusement, cela ne suffit pas pour faire de L'Iris blanc un album mémorable car, en dehors de son propos laissant perplexe, le dénouement est assez bancal et la fin est bâclée.

Que peut-on tirer de cela? Fabcaro a-t-il encore besoin de se chercher et peut faire éventuellement mieux dans un prochain album? L'univers d'Astérix est-il trop dépassé pour que n'importe quel auteur, même un très talentueux, ne puisse créer avec ce monde fictif des valeurs dignes de celles d'aujourd'hui au point que, selon L'Iris blanc, elles ne seraient acceptées que par une "autre génération"?

Allez savoir.

BlackBoomerang
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le 27 oct. 2023

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