Avant tout un duel d'acteurs

Adapté de la pièce du même nom, Le Limier reste très proche du théâtre filmé dont il garde la structure en 3 actes et fait davantage bouger ses protagonistes que sa caméra. Mais Mankiewicz apporte également sa touche, notamment par son intégration continuelle des différents automates comme des personnages à part entière, témoin silencieux du jeu en place, ainsi que par le choix d'un décor qui souligne pleinement la mégalomanie et la suffisance de Wyke.

Le Limier est donc un jeu à triple détente et relève de la mécanique de l'arroseur arrosé mêlée à une critique sociale. Mylo Tindle, jeune coiffeur ambitieux, est l'amant de la femme d’Andrew Wyke, aristocrate anglais et écrivain de roman policier à succès. Ils se retrouvent dans le manoir du second pour discuter à l'amiable du divorce à venir. Si Wyke semble dans un premier temps l'accepter, il embarque rapidement Tindle dans un jeu cruel pour l’humilier aussi bien physiquement qu’intellectuellement. Au-delà de la perte de contrôle sur sa femme, Wyke ne supporte pas de la perdre pour un parvenu inculte, sans ligne aristocratique et fils d'immigrés. Le rapport de force entre les deux hommes est donc imprégné de ce contexte raciste et classiste.

La structure en trous actes est à la fois savoureuse par les différents retournements qu'elle propose mais contient inévitablement quelques redondances et le contient quelques longueurs. Mais dans l'ensemble cette bataille de l'esprit doublée d'une lutte des classes est aussi captivante que jubilatoire, notamment car grâce à l'interprétation brillante de Laurence Olivier et Michael Caine.