Attention, ma critique spoile un peu. Mais bon, vous ne perdrez rien.

Je vais commencer cette critique par une blague.

C'est l'histoire d'un mec qui sort de la séance du Livre d'Eli. Il entends 2 types discuter, et un moment, l'un d'eux dit " C'est comme la Route, mais en plus philosophique ".
( En plus je rigole pas, j'ai vraiment entendu ca . )

Bref, le Livre d'Eli, je synopsise viteuf : ya un mec, il a un livre " ET IL VA A L'OUEST ". Et ya des gens mal intentionnés, ils veulent le livre.
Voila.
Ah oui, tout ca dans un univers post apocalyptique.

Sauf que cet univers, il est totalement anecdotique. On a certes de très beaux plans ( au début notamment ) d'étendues désertiques recouvertes de carcasses de voitures, des villes en ruines, mais ca suffit pas.
Parce que oui, c'est tout.
Dans un monde post apocalyptique, les gens ils sont censés en chier un peu pour survivre ( un minimum au moins ). Et là, le plus gros problème que rencontre le héros, c'est son iPod déchargé. ( Et je ne rigole paaas )
Les réa ont aussi tenté d'introduire, en vain, un truc comme quoi y'en a plein qui sont devenus cannibales. Bon, pas original, mais ca peut fonctionner.
Et bah, même pas. Ils n'interviennent que 2 fois : au début, baston ( très sympa à regarder ), et à la fin, les deux vieux comiques un peu cons sur les bords : le vieux décide de montrer les tombes dans son jardin. Comme ca. Pour le fnu. " MMmhh ces vieux sont des cannibales! Vite, fuyons! "

Au final, le monde d'Eli est à l'opposé de celui de La Route ( sorti un mois avant, d'où la comparaison. ) : dans le premier, c'est visuel, c'est joli à l'oeil, mais c'est " vide ". Dans le second c'est pas super beau, on a très rarement des plans larges, et pourtant on sent vraiment le " malaise " du monde. Alors que dans Eli, limite on pourrait envoyer Arielle Dombasle jouer du Eric Rohmer à des autochtones pour une émission de Frédéric Lopez tellement il se passe rien.

Mais en même temps, si le monde post apo ne fonctionne pas du tout, c'est à cause du héros, Denzel d'Arc.
Pourquoi? " PARCE QU'IL EST BADASS "
En gros, dès que Denzel à un problème, il latte la gueule à tout le monde, sans exception. Du coup, on se retrouve avec aucune tension, qui devrait pourtant être présente dans un monde aussi " sauvage ".
Et tout ces plans " Denzel à la classe ", raaah. Denzel au ralenti, Denzel en 180°, mais doux jésus, c'est un vrai culte de la personnalité là.

Et tout ca pour quoi?
Pour rien.
Son personnage est, comme tout les autres, totalement insipide et inintéressant.
Ils tentent bien de faire quelque chose avec l'attaque du début, genre cas de conscience " Je suis gentil mais j'laisse des gens crever sous mes yeux ", mais ca ne suffit franchement pas.
Parce que ce con, après dans le film ... il se trimballe l'autre boulet là. Qui ne sert à rien. ( ah si, elle pulvérise une voiture de façon totalement insensée, j'y reviendrais. )

D'autant plus que le propos de son personnage est franchement à gerber : prosélytisme à mort. " La religion c'est cool, dieu guide mes pas " et autre blabla.
Depuis le début du film, il nous parle " D'aller à l'ouest ". Un moment, la nana qui l'accompagne lui demande " Mais pourquoi? " et là... " UNE VOIX ME L'A DIT " ( Ting, blague rétroactive, Denzel d'Arc, tout ca. Bref. :< ).
Etant donné son objectif, qui est de restituer un bouquin à l'humanité, le blabla religieux n'a rien à faire là. Ca aurait été un simple livre que le personnage adore, je sais pas moi, T'choupi va aux putes, et qu'il traverse l'amérique pour aller le filer aux alacatraziens, j'dis pas, sauvegarde du patrimoine et tout.( Mais bon, là ca poserait un problème de scénario : quel con irait poursuivre Denzel Badass D'Arc pour lui voler T'choupi aux putes? )

L'idée de mettre en avant la sauvegarde du patrimoine est vraiment pas mal, sauf qu'elle est englouti dans un raz de marée de prosélytisme gerbant.

Bref, sinon les autres persos, Solara, Carnegie, le chauve .... bah ils sont vraiment pas intéressants.

Commencons par Carnegie tiens.
Le personnage est introduit en train de lire un livre sur Mussolini. Subtil. Ecrivez lui " Vilain " sur le front la prochaine fois, ce sera drôle au moins. Enfin il se l'écrit lui même sur le front. Il est méchant, il veut la bible, il veut dominer le monde, il roule en voiture durant les 3/4 du film, hop, ton rôle est bouclé.
Et il y a même un clin d'oeil au 5e élément! Vous vous souvenez de cette scène quand il quitte la croisière, pensant avoir les pierres ... et bah là, même chose. C'est tellement bien amené que personne ne se doute qu'il va se faire niquer.
Mise en situation : Denzel vient de passer 30 ans de sa vie à protéger une Bible, Oldman arrive " Elle est où? " " Tiens là-bas, sert toi. " J'veux bien que sa main ait été quelque peu forcée, mais il a l'air de tellement s'en foutre. Et Oldman se fait encore avoir. Le pauvre.

Ceci dit, la façon dont il se fait niquer est assez originale. Mais bon ... ca ne rattrape pas le reste.

Solara, l'archétype de la nana boulet qui ne sert à rien à part ajouter une paire de nichons et de non sens à l'écran ( Bordel, monde post apo où ils disent CLAIREMENT que le shampooing est super rare ( par contre, la bouffe, l'eau, sans problème les gars, ici le problème, c'est le SHAMPOOING. Et p'tet bien le café, tiens.*Ting* ), d'où elle sort ses cheveux l'Oréal là? ), et surtout une fin assez ridicule : la nana passe le film à ne rien faire, sauf à un moment où elle a dû recevoir la bénédiction de Chuck Norris ( elle fait sauter un camion §§1 qui fait d'ailleurs un joli vol, avec une grenade seulement. Mwaip. ), et le fini en mode " BADASS DENZEL GIRLY STYLE ".

Et le chauve, qui ne sert à rien à part ajouter un " méchant modéré " avec une mort pseudo classe à base de " Haaan j'regarde le soleil sans luneeeettes " . En gros, il veut se taper Solara, donc il fait genre il veut la protéger tout ca... Pourquoi pas!
Mais disons que comme toute idée du film : c'est tellement peu exploité que ca disparait totalement sous le flot de religionneries que débite sans cesse Denzel.


Synthèse rapide : la forme du film est réussie, la photo l'est, les plans le sont.
Le fond du film est juste totalement naze, éléments intéressants peu exploités, univers sous exploité, prosélytisme trop présent qui noie tout le reste.
KangooNomade
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le 21 juil. 2010

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