Le Film de la Déception

Michel Gondry - Pierre Niney! Pierre Niney - Michel Gondry! Je dois avouer, avant d'entamer cette critique, que ce duo m'avait de prime abord intrigué. Associer un réalisateur soixantenaire oscarisé disparu des radars depuis une dizaine d'années avec la nouvelle coqueluche du cinéma français était inattendu voire même surprenant. Si on ajoute à cela le fait que la critique cinématographique était à ce point dithyrambique sur l'œuvre, j'attendais de voir le résultat avec un soupçon d'attentes et d'espoirs.

Résumons rapidement le pitch du film. Jeune réalisateur créatif et fourmillant d'idées, Marc Becker - campé par Pierre Niney - fuit, avec son équipe, dans les Cévennes chez sa tante Denise - jouée par Françoise Lebrun - pour achever son film après que ses producteurs aient menacé de lui retirer la possibilité de le mener à son terme. A partir de là, c'est la fin des haricots. Le cerveau de Marc bouillonne d'idées toutes plus loufoques les unes que les autres. C'est alors que lui vient un "éclair de génie". Il va rédiger Le Livre des solutions, un ouvrage rempli de conseils pratiques sensé être la solution à tous ses problèmes.

Une fois ce résumé réalisé, autant le dire promptement, mes espérances ont été douchées au bout d'à peine une demi-heure de film. Alors, non, ce film n'est pas mauvais. L'écriture est baroque. Les personnages sont foutraques. Certaines scènes se succèdent sans intérêt ni logique. Mais, on ne peut nier un certain talent de réalisation derrière cette suite d'évènements tous plus étranges les uns que les autres. Ajoutez à cela un Pierre Niney en excellente forme et vous pourriez presque vous laisser tenter par le film et ressortir des deux heures de diffusion avec une simple impression d'incompréhension totale qui vous ferait douter de votre conception du cinéma.

Cependant, ne tombons pas dans ce piège. Non, ce film n'est pas une révolution du cinéma. Non, il ne suffit pas qu'un film soit vendu comme étant une sorte d'autoportrait de Gondry pour expliquer les nombreux faux-raccords et autres illogicités scénaristiques. Non, il ne suffit pas que la critique approuve un film pour que ce dernier soit digne d'un quelconque intérêt. Non, Pierre Niney et Françoise Lebrun ne parviennent pas à sauver de la noyade le niveau catastrophique de certains acteurs au premier rang desquels figure Blanche Gardin. Désolé Blanche Gardin, ce n'est pas contre toi mais il ne suffit pas de faire du stand-up pour être une comédienne talentueuse.

Sinon, que dire à part que ce gloubi-boulga informe ne marquera pas l'histoire de la comédie française, dont elle n'a d'ailleurs que le nom étant donné la pauvreté abyssale de dimension comique présente dans cette œuvre.

Pour finir, et pour éviter de conserver une mauvaise image du cinéma de Gondry, je ferai mienne cette citation de Martin Luther King lorsqu'il énonçait qu' "il faut accepter les déceptions passagères, mais conserver l'espoir pour l'éternité".

Partant, je vous donne un conseil. Après avoir été déçu de ce kaléidoscope de scènes sans lien entre elles qu'est Le Livre des solutions, ne restez pas sur cette désagréable impression de film sans intérêt qui pourrait, dans votre esprit, coller à la peau de son réalisateur. Acceptez cette déception et courez voir Eternal Sunshine of the Spotless Mind qui, pour sa part, est une œuvre de Michel Gondry qui vaut largement le détour.