Martin Scorsese étant l'un des plus grands réalisateurs américains, il n'a plus rien à prouver ; il le prouve avec Le Loup de Wall Street ! Retour aux films qui font Scorsese. Les thèmes « scorsesiens » (l'argent, le sexe, la drogue, les complots, les magouilles...), le courtier en bourse Jordan Belfort, à la vie « scorsesienne », les a servi sur un plateau au réalisateur. Et ce dernier les introduit crescendo dans l'intrigue et les installe dans une spirale sans fin. A la manière des Affranchis ou de Casino, Scorsese associe histoire vraie, voix off et montage hyper rythmé. Il est l'un des seuls, sinon le seul, à savoir le faire ; et il le fait avec brio.
Le film dépeint la majeure partie de la vie de Belfort, de ses débuts dans la finance à son emprisonnement. Trois heures de film et une mise en scène qui ne laissent aucun répit au spectateur auraient pu être lassantes. Au contraire, le film ne pourrait pas être raccourci, il manquerait quelque chose car la forme sert le fond : pour Jordan Belfort, trop n'est jamais assez, l'accumulation et le surplus d’événements dans sa vie en sont significatifs. Son mentor lui a dit « Tu t'en fous du client. C'est toi qui est là pour gagner du fric ! » et il applique la règle à la lettre. Il a aussi besoin d'avoir le pouvoir sur les autres et surtout de le montrer : s'ensuivent des orgies de drogue et de sexe où Belfort a le pouvoir et inflige ce qu'il veut à qui il veut.
Leonardo DiCaprio enflamme le film, le porte de bout en bout. Il crève l'écran et ne laisse aucun doute : durant trois heures, il EST Jordan Belfort et personne d'autre. Enchaînant des scènes de calmes négociations bancaires à des scènes de violences conjugales, se traînant au sol suite à des prises de drogues (séquence à la fois pathétique et burlesque où DiCaprio montre au monde qu'il n'a pas peur de salir son visage de jeune premier), Leonardo DiCaprio est définitivement un acteur. Jonah Hill et Margot Robbie sont parfaits en acolytes, suivant le Loup, souvent embarqués dans des situations peu ordinaires. Jean Dujardin fait une apparition et, sans crever l'écran, se défend bien face à l'imposant DiCaprio. Une seule scène suffit à Matthew McConaughey pour marquer le film : un air chanté tel un hymne, un poing battant la mesure sur la poitrine, un regard déterminé, et Matthew McConaughey transmet l'Art de la finance à Leonardo DiCaprio.
Certes, le milieu de la finance a été maintes fois présenté et dénoncé au Cinéma. Scorsese n'a pas l'intention d'apporter des éléments nouveaux, mais à travers l'histoire de Jordan Belfort, il signe une réalisation époustouflante. Le Loup de Wall Street est l'une des meilleures œuvres cinématographiques de l'année.
Paul_L_

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