Il y a vraiment à boire et à manger dans le film de Christophe Honoré. Il y a du bon comme du très mauvais, ce qui fait qu’on ne saurait conseiller ce film à d’autres personnes que les afficionados du cinéaste français. Le film vaut le détour exclusivement pour l’interprétation de Paul Kircher. Tout le reste est assez raté.


Lucas a 17 ans quand soudain son père meurt. Son adolescence vole en éclats. Avec l’aide de son frère, monté à Paris, et de sa mère, avec qui il vit désormais seul, il va devoir lutter pour apprendre à espérer et aimer de nouveau.


Le film est convenu, parfois très mauvais. Mais il ne vaut le coup d’œil que pour l’interprétation de Paul Kircher qui porte le film à bout de bras. Il a une vraie présence, semble constamment à côté avec son regard, ses cheveux longs et son aspect négligé. Il livre une interprétation mesurée, sobre et incarne parfaitement le désarroi de son personnage. La perte du repère paternel le déboussole. Il se met à déconner.


J’ai trouvé le reste vraiment moins bon. Ce qu’il y a autour du personnage interprété par Paul Kircher ne fonctionne pas du tout. Par exemple, on ne comprend pas sa relation avec le frère aîné. Quels sont leurs rapports ? Sont-ils proches ? Lucas admire-t-il Quentin ? Il faut aussi dire que Vincent Lacoste est assez mauvais. La profondeur et l’étendue de son jeu d’acteur sont beaucoup moins fortes que celles du novice Paul Kircher. Ses scènes de larmes ne sont pas convaincantes et sont assez ridicules. Pareil avec la mère. Quelle relation entretient-il avec elle ? On ne sent pas du tout les rapports de famille.


Christophe Honoré a répété dans les médias que ‘Le lycéen’ était un film d’inspiration autobiographique. On est dès lors surpris que le cinéaste n’est rien à dire du deuil qui ne sorte des sentiers balisés. Tout est très attendu. Il y a les enguelades, les errances, les visages qui ont l’air perdus. Et puis, bien sûr, il y a les pleurs. Et Honoré s’embourbe dans l’excès de pathos. A ce titre, l’interprétation de Juliette Binoche est excessivement mélodramatique et larmoyante. Christophe Honoré ne raconte rien de neuf sur la perte d’un être aimé. La mère s’effondre, le fils fait une tentative de suicide. Pour voir un beau film sur le deuil et son impact sur la structure familiale, il faut revoir ‘L’incompris’, le chef-d’œuvre de Luigi Comencini.


J’ai trouvé la facture du film assez pauvre. Après avoir réalisé des films au visuel maîtrisé ‘Chambre 212’ et ‘Plaire, Aimer et Courir vite’, Honoré retombe dans le travers de ses premiers films. A savoir un visuel négligé. L’image est d’une laideur sans nom. Le filmage est approximatif. Il y a notamment des plans fixes filmés par une caméra tremblante, protée à l’épaule. Le cinéaste français abuse des chromos, avec des colorisations de plans en rose ou en rouge sans que ça ait un intérêt particulier. Enfin, Honoré semble un peu prisonnier de son admiration pour les films de la Nouvelle Vague. Un exemple entre mille, cette voix-off surécrite qui envahit le film.


Dernier point, pourquoi Christophe Honoré a-t-il nommé son film ‘Le lycéen’ ? Le personnage principal est certes encore lycéen mais le cinéaste peine à montrer sa vie. Il est vraiment étrange que le noyau du film soit aussi réussi (le personnage principal) mais que tout ce qui a autour soit aussi peu pensé. Tout est loupé, négligé. C’est dommage.



Noel_Astoc
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les films découverts en 2023

Créée

le 8 juil. 2023

Critique lue 24 fois

Noel_Astoc

Écrit par

Critique lue 24 fois

D'autres avis sur Le Lycéen

Le Lycéen
JorikVesperhaven
6

Honoré se paye une psychanalyse.

Christophe Honoré a fêté l’an passé ses vingt ans de carrière au cinéma. C’est un auteur connu et reconnu avec un style assez identifiable qui fait clairement partie de ce que l’on peut nommer le...

le 10 nov. 2022

10 j'aime

Le Lycéen
Fleming
7

Mais si la bonne personne vous aime, alors on reprend goût à la vie

Perdre à dix-sept ans son père dans un accident de voiture survenu dans des conditions si bizarres qu'on peut y voir une volonté suicidaire, il y a de quoi déstabiliser l'ado au mental le plus...

le 19 sept. 2023

8 j'aime

12

Le Lycéen
Azur-Uno
7

L'adolescence à la dérive

Christophe Honoré nous livre ici une film à connotation très personnelle puisqu'il a vécu une déflagration similaire avec la perte de son père à l'âge de 15 ans...Dans le film, alors que son...

le 15 déc. 2022

6 j'aime

3

Du même critique

Spencer
Noel_Astoc
4

Princesse déchue

‘Spencer’ était un biopic qui promettait beaucoup car Pablo Larrain en a réalisé deux, l’un sur l’écrivain Pablo Neruda et l’autre sur la première dame Jackie Kennedy, et Kristen Stewart avait déjà...

le 2 janv. 2022

20 j'aime

2

Alphonse
Noel_Astoc
7

C'est gigolo comme tout !

Sortie en catimini sur Amazon Prime et quasi-unanimement décrié par la critique, la série de Nicolas Bedos vaut pourtant le détour, si l’on se base sur les trois premiers épisodes disponibles. Drôle,...

le 14 oct. 2023

15 j'aime

Les Volets verts
Noel_Astoc
4

Acteur drama-toc

‘Les volets verts’ promettait beaucoup par ses atouts : Simenon, Depardieu, Ardant. En résulte un film dont on pourrait dire qu’il est de « qualité française ». Il est surtout ennuyeux, sans rythme...

le 28 août 2022

15 j'aime

1