Après "Wolverine : le combat de l'immortel" et "Logan", James Mangold met sur roues ce moment charnière de l'histoire automobile où Ford a voulu détrôner Ferrari à la compétition du Mans de 1966, en chargeant Carroll Shelby et son pilote Ken Miles de construire l'automobile qui devait être la clé de ce succès.
C'est une histoire vraie. James Mangold filme très bien les scènes, il y a, en plus un revirement du destin qui change complètement la donne et il apporte une espèce d'ironie macabre, de désillusion sur le rêve américain que je trouve assez réussie. 
J'ai trouvé aussi très intéressant cette inversion des codes : c'est David contre Goliath sauf que David, là, c'est une multinationale, c'est Ford, quand le petit, en réalité, c'est Ferrari. 
C'est quasiment un film anticapitaliste parce qu'on vous montre tous les patrons de Ford, comme étant des gens aux dents longues, des bœufs qui ne comprennent rien à rien et qui n'ont aucune finesse lorsque Ferrari a l'air d'avoir de la classe, lui, c'est un esthète. 
Une mise en scène extrêmement élégante, classieuse qui fait que, pour une fois, les courses automobiles ce n'est pas un montage survolté comme on a l'habitude de voir dans n'importe quelle course de voitures au cinéma ! Là, on les suit vraiment, on est embarqués avec eux. Le réalisateur arrive même à avoir différents dispositifs qui font qu'on ne s'en lasse pas. 
Je reviens aussi au titre original en anglais : c'est 'Ford contre Ferrari' et pas du tout 'Le Mans 66', les Français concentrent tout sur leur course automobile française. 
Enfin, ce qui est intéressant, indépendamment du fait que les scènes de voitures, comme je l’ai dit, sont extraordinairement filmées, c'est que les Américains savent admirablement montrer les mécanismes d'une profession, comme, par exemple, Steven Spielberg quand il montre le Washington Post (Pentagon Papers). Et, là, c'est une métaphore sur le cinéma : le personnage de Matt Damon, c'est un ingénieur qui a besoin de trouver un grand pilote pour courir dans sa voiture et Christian Bale, c'est l'exécutant. Et contre ces gens-là, il y a les cols blancs, les capitalistes qui ne comprennent rien à la création. C'est exactement comme le metteur en scène à Hollywood qui doit ruser en permanence avec le système. 

Meladaily
9
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le 4 févr. 2020

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Meladaily

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