Le Mans 66 retrace l’affrontement entre les écuries Ford et Ferrari lors de la 34ème édition des 24 heures du Mans, jusqu’alors dominée par les voitures du constructeur italien. Mécontent de la baisse de ses ventes sur le territoire américain, Henry Ford II assemble alors une équipe chapeautée par son armada de cols blancs du marketing qui engagent Carroll Shelby, ancien pilote de course et concepteur automobile de renom, et Ken Miles, un pilote britannique talentueux, afin de construire un bolide surpuissant qui rivalisera avec celles d’Enzo Ferrari.

Le Mans 66 a la saveur d’un Top Gun : Maverick. Celle d’un film de bonne facture, techniquement très solide, au scénario classique mais rondement mené, un film de studio en somme qui divertit aisément. Les ambitions du film sont néanmoins très différentes et tendent plutôt vers celles du biopic historique immersif que du blockbuster survitaminé.

Comme un bon film du genre, on nous présente tout d’abord les personnages, on assemble l’équipe avec chacun son domaine d’expertise (et son propre caractère). Puis on fait des tests, on s’entraîne sans relâche. On assimile petit à petit en tant que spectateur les différents enjeux, des dangers potentiels aux facteurs de réussite à connaître. Les courses, superbement filmées, sont l’occasion de brûler de la gomme sur l’asphalte pour identifier ce qui fonctionne, ou pas, et ajuster certains paramètres en conséquence. Enfin, c’est l’heure de la “mission finale”, là où tout se joue. Est-ce que les freins vont lâcher ? Est-ce que le moteur va tenir pendant toute la durée de la course ? Tout ce qui a été appris va enfin servir et c’est bien de là (comme dans Maverick) que provient le plaisir devant ce type de film.

Mais cette jouissance vient aussi dans le suivi passionnant des étapes de conception du fameux bolide, la mythique Ford GT40. Une construction partagée entre le “cerveau” de l’équipe, Shelby Caroll (campé par un bedonnant Matt Damon, un peu comme dans le récent Air de Ben Affleck) et les “muscles”, Ken Miles (joué par un excellent Christian Bale qui vole clairement la vedette) et sa nervosité, sa fougue, sa rage folle de casse-cou à qui on ne dit pas de ralentir mais au contraire d’aller encore plus vite. On a l’impression de connaître les voitures aussi bien que lui, tant elles reflètent un amour inconditionnel entre un homme et sa machine.

S’il coche bien toutes les cases du film historique avec rigueur et précision, il donne pourtant l’impression de survoler un peu trop ses enjeux dramatiques. La rivalité entre les industriels Ford / Ferrari ne semble être qu’une toile de fond, survolée au cours d’une scène en Italie qui ne sert qu’à donner l’impulsion au récit et voir ensuite l’équipe se former. De même pour la relation père-fils entre Ken et Peter Miles, bien trop en retrait pour être véritablement touchante.

Le Mans 66 reste un film captivant qui a beaucoup de cœur, en particulier dans sa représentation du monde automobile des années 1960. Malgré certains éléments dramatiques qu’il effleure seulement, il n’en oublie pas d’être spectaculaire lors de ses scènes de courses et offre de très bonnes sensations de vitesse.

AnvilOfKrom
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le 27 août 2023

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