Pour beaucoup de personnes de ma génération, Romain Gavras c'est avant tout Kourtrajme et ses courts métrages complètement barrés, les clips pour la Mafia K1 Fry ou encore les mathématiques du Roi Heenok. Apres une tournée international avec ses clips pour Mia ou encore Jamie xx, ainsi qu'un premier essai au cinéma en 2010. Le talentueux réalisateur revient avec un nouveau film ambitieux qui semble intégré toute son expérience acquise lors de sa carrière.
François, petit dealer, a un rêve : devenir le distributeur officiel de Mr Freeze au Maghreb. Cette vie, qu’il convoite tant, vole en éclats quand il apprend que Dany, sa mère, a dépensé toutes ses économies.
Poutine, le caïd lunatique de la cité propose à François un plan en Espagne pour se refaire. Mais quand tout son entourage : Lamya son amour de jeunesse, Henri un ancien beau-père à la ramasse tout juste sorti de prison, les deux jeunes Mohamed complotistes et sa mère chef d’un gang de femmes pickpockets, s’en mêle, rien ne va se passer comme prévu !
Le film des le début annonce très vite la couleur. Trois débiles essayant de défoncer un mur, une musique de Michel Sardou rendant hommage a Johnny Halliday, des barres d'immeubles, un homme d'une cinquantaine d'année et un plus jeune. Cela semble partit pour un vibrante hommage au milieu populaire français.
Les personnages principaux du film sont issu de générations complètement différentes et cohabitent dans des residences HLM. Alors quand un gros coups se préparent tout le monde veut y mettent sont grain de sel. Ce qui nous fout un gros bordel des plus jouissifs.
Vincent Cassel en beau pere complètement déconnecté, Isabelle Adjani en mere envahissante, Philippe Katerine en avocat déjanté tout cela autour d'un Karim Leklou désabusé. Sans Oublier Sofian Khammes incroyable en Dealer psychotique.
Tout comme les personnages, la musique couvre différentes générations. Michel Sardou, Laurent Voulzy, PNL, Jul ou encore Daniel Balavoine. Tout cela agrémenté d'une bande son signé par Sebastian d'Ed Banger et Jamie XX.
Si on connait l'amour de Romain Gavras pour la banlieue et la violence. On découvre ici un gout prononcé pour les couleurs chatoyantes. Des couleurs qu'on retrouve de somptueuse manière dans la station balnéaire espagnole de Benidorm ou toute la France à l'habitude de se rendre chaque année comme peuvent l’évoquer les clips de la plupart des rappeurs français actuel.
Et puis mon dieu que c'est drôle, entre les différentes blagues bien sentis, les gags, les situations grotesques. Tout cela bien ancré dans une réalité certaine. Les ubers relous avec leur putain de bouteilles d'eaux, les migrants à un euro ou encore les croyances populaires sur les illuminatis sont autant de détails qui font échos a notre monde. Loin de ces comédies françaises nécrosés et insupportables.
Avec le monde est à toi le digne fils de Costa Gavras semble tout droit filé vers une carrière cinématographique qui s’avère prometteuse. On pourrait évoquer d'autres réalisateurs comme Paul Thomas Anderson ou Guy Ritchie tant les sujets abordés ou certains aspects visuels semble proche. Mais pas besoin de cela pour évoquer le talent du cinéaste et la totale réussite du film.