Le mur
6.6
Le mur

Court-métrage de Farideh Naderi (2020)

Ce court-métrage est déjà bien plus intéressant que ce que j'ai pu voir jusqu'ici. Alors, c'est loin d'être excellent mais ici la réalisation propose quelque qui soit un minimum abouti. Pour une fois, on commence à s'approcher de la thématique du festival, à savoir « women's enpowerment ». On s'approche seulement parce-que la véritable prise de pouvoir des femmes reste inatteignable pour le moment, mais « Le mur » a au moins le mérite de traiter la relation hommes-femmes dans une société communautariste, là ou beaucoup d'autres ne font aucun effort et se contentent de prendre une posture de victime dénonciatrice très simpliste et hors de propos - évidemment, je n'ai pas encore tout vu.


Malgré tout, le discours reste assez superficiel. On voit bien que parmi les élèves, garçons et filles sont séparés par un mur, mais que cela ne les empêche pas de jouer au ballon par-dessus ledit obstacle de pierre. Très bien. Une pionne vient stopper les filles, ballon en mains, avant la sonnerie de fin de récréation, laissant les garçons sans réponse. Très bien, le message est clair : en dépit de la prohibition instaurée par l'autorité publique et manifestée par un mur érigé entre eux, hommes et femmes communiquent et échangent par delà les frontières de l'interdit, mais ça ne va pas plus loin. Il est certes difficile de vraiment développer un propos en une minute seulement, par contre, nous appâter avec quelque chose pour nous le retirer dans la seconde d'après ne peut que nous laisser sur notre faim. Au lieu de filmer, pas très correctement, des échanges de volleyball pendant 40 secondes, j'aurais clairement trouver plus pertinent de contextualiser en vitesse et d'apporter ensuite un peu de profondeur au message puisque cela apparaît comme la grande finalité du court-métrage.


Bien entendu, on comprend bien qu'ici tout est misé sur la chute, c'est pour cela que l'échange de ballon persiste les trois quarts du métrage. Néanmoins, une chute plutôt banale vaut-elle le sacrifice de précieuses secondes qui auraient pu être utilisées pour approfondir le discours ? Ce n'est pas ce que je pense en tout cas. L'effet souhaité est probablement atteint, en effet, on ne sait pas vraiment à quoi s'attendre jusqu'au dénouement mais disons que la tension est un peu affaiblie par un manque de compétence au niveau de la direction artistique. Il y a de l'idée cette fois-ci mais, une fois de plus, la technique est assez moyenne. Comme d'ordinaire, la photographie est amateure et le découpage n'est pas cohérent. Cela ne transpire pas la maîtrise, ni l'ingéniosité. L'échange sportif n'est pas très bien mis en scène. Pourquoi avoir choisi de tourner les plans ainsi ? On a le droit a des gros plans sur des chevilles, des poignets ou des ballons en vol. Ils auraient très bien pu filmer l'action en plan poitrine ou même en plan large sans pour autant dévoiler ce qu'il y avait de l'autre côté du mur. Tout est une question de découpage et de cadrage. Même avec les corps hors-champ, on comprend bien que les parties anatomiques que l'on voit appartiennent à de jeunes garçons. Dans ce cas, pourquoi ne pas choisir de les montrer à l'écran ? La chute, c'était bien de dissimuler avec qui ces garçons jouaient au ballon, n'est-ce pas ?


En définitive, on n'aperçoit pas grand chose durant la grande majorité du court-métrage hormis des mains, un ballon en vol, des chaussures de sport et puis encore le ballon en vol. On ne sait pas qui sont les protagonistes, on se sait pas où l'action se déroule. On a aucun indice sur les tenants et aboutissants ou les enjeux de la situation. En réalité on ne sait même pas ce que l'on visionne avant que la chute ne dévoile tout. Beaucoup de vide pour servir un dénouement faiblard et avare en contenu thématique. Il y a des efforts, c'est évident, mais cela manque cruellement de maîtrise technique et il n'y a aucune vision cinématographique, c'est bien trop scolaire et sans identité. Et puis, pourquoi ce plan avec le gamin derrière une fenêtre qui regarde les autres garçons jouer ? Il est puni, c'est ça ? Ce plan apparaît sporadiquement dans le métrage, une seule fois, sans raison aucune. Alors, pourquoi ce choix ? C'est encore une fraction de pellicule qui se perd pour rien au lieu d'être exploitée de manière pertinente. En conclusion, c'est bien tenté. Il y a des idées et un semblant de démarche mais il reste encore beaucoup de compétences à acquérir au niveau du traitement et de la réalisation.

SNBlaster
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le 1 déc. 2020

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