Aucun doute que Mel Brooks connaît infiniment mieux l'Histoire de l'URSS que moi, et qu'en conséquent beaucoup de détails « sympathiques » ont dû m'échapper. Reste qu'il est difficile de se satisfaire du résultat. Alors c'est vrai : le réalisateur des « Producteurs » a pour une fois décidé de laisser au placard son humour scatologique, et je lui suis fort reconnaissant de nous avoir épargné le moindre pet ou rot pendant 90 minutes. De plus, les acteurs sont très bons, et si on imagine ce qu'aurait fait Gene Wilder de Vorobyaninov, Ron Moody s'en tire plus qu'honorablement, tout comme Frank Langella et Dom DeLuise dans un invraisemblable numéro. Hélas, si j'ai quand même souri à plusieurs reprises et que le scénario livre ses bons moments, je ne me suis pas non plus éclaté. Autant je reproche habituellement à Brooks d'aller trop loin, autant je trouve que pour le coup ce dernier ne s'est vraiment pas assez lâché. Manque de rythme, de folie, d'idées... Tous ces éléments font du « Mystère des douze chaises » une comédie honnête, mais bizarrement très sage, insuffisamment méchante et aux répliques beaucoup moins incisives que prévu. Reste la curieuse relation unissant l'aristocrate déchu et Bender, même si là encore le réalisateur aurait pu creuser plus profondément. Même la fin, pourtant plutôt réussie, apparaît curieusement fade, signe des étonnantes difficultés de Mel Brooks pour être ici aussi drôle que méchant. Pas un scandale donc, mais un spectacle qui ne fera vraiment pas date : finalement, on préférerait presque le camarade Mel hystérique et grossier...