Je le confesse : je n’ai jamais été un grand admirateur du roman Le Nom de la rose d’Umberto Eco. L’auteur, à mon sens, peine à maîtriser la fragile alliance entre l’enquête policière et la réflexion philosophique. En revanche, je suis bien plus séduit par son adaptation cinématographique. Certes, celle-ci ne possède pas la richesse foisonnante du texte original, mais elle offre un film d’époque d’une beauté absolue.
Ce monastère inquiétant, avec sa bibliothèque labyrinthique que n'aurait pas renié Escher, fait partie selon moi des meilleurs décors de l'histoire du cinéma. À lui seul, il raconte une histoire tant il fourmille de détails et le réalisateur Jean-Jacques Anneau n'a pas à forcer sur sa mise en scène pour rendre le tout impressionnant. On ressent constamment le caractère poisseux et menaçant du lieu, ce qui suffit à nous faire oublier quelques facilités scénaristiques.
L’ensemble repose sur les épaules solides de Sean Connery, parfait en moine détective, véritable pendant chrétien de Sherlock Holmes. Il mène son enquête avec brio, bien aidé encore une fois par le décor qui, par ses nombreuses cachettes, offre un terrain de jeu extraordinaire pour un enquêteur. Christian Slater, dans le rôle du jeune apprenti, est un peu plus à la peine. Moins convaincant dans son jeu, il bénéficie néanmoins des scènes les plus touchantes du film, notamment vers la fin.
En somme, Le Nom de la rose est l'un de ses films rares à l'ambiance fiévreuse qui a tout de l'allure d'un songe.