"Le Nouveau Monde", 4ème film en près de 30 ans de l'immense Terrence Malik, est aussi son plus radical : sacrifiant dialogues, scénario au sens traditionnel du terme, au profit d'un langage opératique recherchant incessament la vérité profonde de la nature et des sensations - et non des sentiments -, le film court le risque de perdre son spectateur au fil de ses rimes poétiques et de son ressassement parfois sublime (les larmes viennent vite aux yeux au cours de certaines scènes, d'une force incroyable), parfois lugubre (la description cruelle de l'inanité de la colonie anglaise est tellement déprimante).
Au passif du film, notons les voix off incohérentes, inutiles et redondantes, et la difficulté qu'a clairement Colin Farrell à donner forme à un personnage hébété et en mille morceaux. A son crédit, il y a la luminosité de la jeune actrice incarnant littéralement la légende de Pocahontas, et l'incroyable ambition dont témoigne le film, à mille lieues des codes cinématographiques habituels.
[Critique écrite en 2006]