En 1990, Francis Ford Coppola n'est plus que l'ombre de lui-même aux yeux des studios ; ses derniers films ne marchent pas, ou moins, il a d'énormes dettes à la suite de la production de Coup de cœur qui le forcent à accepter tout et n'importe quoi, et c'est à ce moment-là que Paramount va le contacter pour donner une deuxième suite au Parrain. Sauf qu'en 1974, c'est Coppola qui distribuait les cartes mais là, pris à la gorge, il devient davantage un exécutant obligé de faire selon les desiderata du Studio. Écriture, tournage et montage en toute vitesse, et le Parrain 3eme partie sortira en salles fin 1990 avec un succès mitigé.
Trente années passent, et Coppola a eu la possibilité de revenir sur ce film mal-aimé, en faisant quelques modifications au montage, en retirant près de 15 minutes, mais surtout, en changeant l'introduction et la conclusion, donnant tout son sens au nouveau titre, Coda. Mais surtout le sous-titre, La mort de Michael Corleone, que Paramount le lui avait refusé en 1990, étant donné qu'il ne voulait pas afficher le destin du Parrain.


Les lecteurs (et ceux qui me suivent) savent à quel point la saga du Parrain est chère à mon cœur, et j'avoue bien aimer ce dernier film, même s'il n'atteint pas l'orteil de la deuxième partie. Le tort de Coppola aura sans doute été de faire un montage davantage linéaire, mais qui est surtout un miroir du premier film, avec cette fois-ci un prêtre qui vient parler au Don, Al Pacino, pour le remercier d'avoir fait un don pour l'église Vaticane. Oui, c'est davantage simplifié dans cette version, une guerre des gangs, avec la montée en puissance du bâtard Vincent Mancini, Andy Garcia, mais les beaux moments sont encore là, avec la visite du vieil Italie entre Michael et Kay, le passage de témoin, et bien entendu, la scène de l'opéra. Mais là où je serais beaucoup, mais alors beaucoup plus critique, c'est la fin, où ce plan iconique de Michael Corleone qui s'effondre au loin sur sa chaise, d'une crise cardiaque, tout comme son père jadis... et bien, il n'y figure plus ! A la place, le film se termine sur le vieil Michael, qui remet difficilement ses lunettes de soleil, fond noir, et voilà... On n'a pas la puissance émotionnelle du montage cinéma, avec les scènes du passé qui reviennent en réminiscence, son premier mariage dans Le parrain, ses moments heureux, ses derniers instants avant son décès : quel dommage quand on y pense, car je pense que ça ajoute à la qualité du Parrain 3eme partie.


Dans les bonnes choses, on retiendra que Coppola a quelque peu minimisé le rôle de Mary Corleone, pourtant joué par sa fille Sofia, très critiquée à l'époque, mais cet épilogue arrive pourtant à fonctionner par le simple jeu du montage, alors que rien n'a été rajouté. Disons que, pour le moment, c'est une version alternative au Parrain 3eme partie qui continue d'exister, que Coppola a voulu lui redonner ses lettres de noblesse pour les trente ans, mais je n'y ai pas retrouvé l'émotion, la puissance du film original.

Boubakar
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le 19 janv. 2021

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