Besoin pathétique de reconnaissance

Dans les années 20 les films de gangsters sont nombreux, ils sont centrés sur la police et les victimes du gangstérisme. Les films qui mettent en vedettes les gangsters eux-mêmes connaissent le succès au lendemain de la crise économique qui frappe les USA et se multiplient durant la décennie de 1930. En effet, il devient difficile de gagner sa vie et les américains changent leur regard sur les activités illégales. Les gens sont fascinés par la figure du gangster, ils deviennent des figures de légende. Les films de gangster rencontrent donc un grand succès.

Little Caesar raconte l’histoire de Rico, un petit gangster qui appartient au monde des « caniveaux ». Avec sa figure patibulaire, Edward G. Robinson campe le personnage de Rico de manière convaincante. C’est en lisant les journaux qu’il décide d’avoir lui aussi sa part du gâteau et de se faire un nom. Il vient à Chicago et rejoint le gang de Sam Vettori. Son ascension est fulgurante, il reçoit ce surnom : « Little Caesar » ce qui en dit long. Il se bâtit un empire, il soigne son image, il se met en scène, il se soucie de sa réputation, de ce que disent les journaux sur lui. Il fait pitié dans son besoin obsessif de reconnaissance. Mais sa gloire dure peu, retombé dans le monde des « caniveaux » il est finalement abattu par la police et il dit avec étonnement avant de mourir : « Mother of mercy, is this the end of Rico ? ». Rico, c’est l’histoire du rêve américain qui affirme que tout homme aux USA peut réussir à partir de rien. La fin de Rico montre que ce n’est pas si simple.

Little Caesar fonde les codes du film de gangster. On trouve dans ce film l’ascension d’un petit malfrat, son heure de gloire, sa chute et sa fin ; les relations entre gangsters et politiciens ; le climat propre au milieu des gangsters : les beaux costumes, les cigares, la distinction affichée, la relation déférente au chef, les codes de politesse, les mots pesés qui en disent long et qu’il vaut mieux prendre au sérieux si on veut rester en vie, la pression exercée sur les membres du gang avec la quasi impossibilité pour eux d’en sortir.

Little Caesar inaugure avec The Doorway to Hell, sorti un an plus tôt, la longue série de films de gangsters. C’est un film à connaître quand on s’intéresse à ce genre particulier.