Il est des films adaptés d'un livre, dont on dit qu'ils sont une mauvaise adaptation mais un bon film. "Le petit garçon" serait plutôt l'exemple inverse : une adaptation honnête mais un film médiocre.


Il s'agit de l'ultime long-métrage du vétéran Pierre Garnier-Deferre, qui choisit de transposer le roman autobiographique de Philippe Labro, décrivant son enfance pendant la seconde guerre mondiale. Pressentant la catastrophe, le père de Labro avait choisi de quitter la capitale quelques années avant le début du conflit, préférant mettre à l'abri en province sa petite famille (nombreuse), dans la bonne ville de Montauban.


Le jeune héros, alors âgé de neuf ans, connaît donc une enfance heureuse et relativement insouciante parmi les siens, avant que les allemands ne finissent par débarquer dans le sud-ouest, jusqu'à occuper la maison familiale, mettant ainsi à mal le petit réseau de protection des juifs imaginé par le chef de famille et son complice de longue date.


Le roman de Philippe Labro était une chronique de l'enfance, sans trame narrative majeure, et le film souffre de cette structure, mais s'avère encore moins convaincant lorsqu'il s'en affranchit.
Tant que Granier-Deferre reste fidèle aux faits relatés par Labro, le film fonctionne plutôt pas mal, s'appuyant sur de beaux décors, une reconstitution soignée et une distribution efficace : Brigitte Roüan, Serge Reggiani, Ludmila Mikaël, Olivia Bonamy, Jacques Weber - même si confier à ce dernier le rôle d'un homme mince et sec, tendance misanthrope, pourrait relever du gag!


Hélas, les choix opérés par les scénaristes pour muscler le scénario se révèlent sans relief, voire de mauvais goût : on invente ainsi une amourette assez mièvre au petit garçon, et on dramatise le passage d'un barrage allemand (sans qu'on ne voie très bien en quoi faire pleurer les gamins en les giflant pourrait faciliter les choses…).
Parmi les défauts, mentionnons également la partition musicale insipide de Philippe Sarde, qu'on a rarement connu aussi peu inspiré.


Dommage car le film s'avère plutôt sympathique dans sa première moitié, avec quelques jolis plans imaginés par son réalisateur, comme cette arrivée nocturne mystérieuse de l'Homme sombre, au son du jingle inquiétant de Radio-Londres.
D'ailleurs, si "Le petit garçon" n'est clairement pas une oeuvre destinée aux cinéphiles, il reste un film familial correct, qui présente la guerre sous son visage le moins abject, pouvant ainsi être vu par un large public, y compris de jeunes enfants.

Créée

le 5 juil. 2020

Critique lue 621 fois

6 j'aime

1 commentaire

Val_Cancun

Écrit par

Critique lue 621 fois

6
1

Du même critique

Baby Driver
Val_Cancun
4

L'impossible Monsieur Baby

Cette fois, plus de doute, le cinéma d'Edgar Wright, quelles que soient ses qualités objectives, n'est définitivement pas pour moi. D'ailleurs je le pressentais déjà fortement (seul "Hot Fuzz"...

le 20 juil. 2017

60 j'aime

15

Faites entrer l'accusé
Val_Cancun
9

Le nouveau détective

Le magazine haut de gamme des faits divers français, qui contrairement aux (nombreux) ersatz sur la TNT, propose toujours des enquêtes sérieuses, très documentées, sachant intriguer sans tomber dans...

le 2 avr. 2015

49 j'aime

11

Bullet Train
Val_Cancun
4

Compartiment tueurs

C'est le genre de film qui me file un méchant coup de vieux : c'est bruyant, bavard, ça se veut drôle et décalé mais perso ça m'a laissé complètement froid, tant les personnages apparaissent...

le 4 août 2022

46 j'aime

17