Road-Movie à la française, avec ses restoroutes sans chichis, ses stations-services aux chiottes sans verrou, ses enseignes et ses voitures nationales, le plein de super c’est avant tout l’histoire d’une amitié masculine avec cette bande de mecs qui ne viennent pas du même endroit mais vont vers une même destination, qui ne se connaissent pas mais se retrouvent tous par un concours de circonstances dans une même bagnole (un peu comme le fait aujourd’hui Blablacar), qui se tapent presque dessus mais finissent par devenir super potes au fil des kilomètres.
Cavalier, avec un budget ridicule (un modeste cachet identique pour chaque acteur, une équipe de tournage réduite au maximum et une Chevrolet d’occasion : guère plus) s’en sort merveilleusement bien. La confiance aveugle qu’il porte à ses quatre acteurs, justifiée par la complicité qui les lie dans la vraie vie, en est le point de départ. Puis, le travail d’écriture à cinq du scénario, des scènes et des dialogues fait le reste. Résultat : un film impressionnant d’authenticité (au point que l’on se demande si une grande partie n’a pas été improvisée) tant le réalisme des scènes est saisissant, les rapports entre les personnages sincères, leur caractérisation vraisemblable et leur voyage vraiment vécu.
Par ailleurs, un attachement nous lie à ces gars portant chacun leur tare et chez qui, après cette distance initiale séparant psychologiquement les plus irresponsables et jeunes des plus matures, et socialement les plus galériens des petits bourgeois, une proximité s’installe progressivement, les différences s’estompent, les contraires s’équilibrent au profit d’une cohésion, d’un esprit de groupe, d’une amitié vraie donnant lieu à d’irrésistibles fous rires, à de franches déconnades et à un argot joliment fleuri.
Un beau film à l’élan moderne et à la grâce surannée.
7.5/10