Le Port des passions a beau porter les noms d'Anthony Mann derrière la caméra et James Stewart en tête d'affiche, on est très loin des inoubliables collaborations de ces deux grands du cinéma, notamment les cinq westerns tournés dans les années 50. Chose impensable à notre époque, Thunder Bay est un film de propagande à la gloire de l'industrie pétrolière, qui montre comment des hommes décidés - pour ne pas dire obstinés - ont réussi à transformer le golfe du Mexique en champ pétrolifère. « Pêcheurs de crevettes du fin fond de la Louisiane, foutez-nous la paix : sous ces eaux se trouve une réserve d'or noir suffisamment grande pour permettre à l'industrie américaine de continuer à dominer le monde pendant quelques siècles. Alors ne nous cassez pas les noix avec vos crustacés », dit en substance l'ingénieur Steve Martin aux locaux... Et ce bon vieux Jimmy d'endosser le costume dudit ingénieur, de convaincre un riche industriel de lui prêter un ou deux millions de dollars, de construire sa plateforme au milieu de l'eau et d'y faire jaillir le précieux liquide !


Alors certes, c'est du Anthony Mann, donc c'est de la propagande de qualité, bien mise en scène, bien filmée, bénéficiant de jolis décors et paysages, mais ça reste de la propagande. On veut même nous faire croire, par un raccourci scénaristique un peu malhonnête, que l'arrivée des oilmen dans le golfe du Mexique va permettre aux pêcheurs de toucher eux aussi le jackpot, mais heureusement cette idée n'est qu'esquissée... Reste, au-delà du propos sûrement très exaltant à l'époque mais complètement décalé aujourd'hui, et au-delà de la double romance inepte entre les deux boss du pétrole et les deux filles d'un vieux marin, le plaisir de voir ce bon Jimmy mettre (une toute petite partie de) son talent au service de son pays. C'est l'une des deux bonnes raisons de voir ce film, l'autre étant son côté documentaire, presque archéologique, sur la capacité d'Hollywood à glorifier ses mécènes.

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le 11 mars 2020

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The Maz

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