Ressorti récemment en salle, le film de Lumet était l’un des premiers, avec « le jongleur » de Dmytryk, à traiter du traumatisme des survivants de la Shoa. Sol Nazerman, survivant des camps, à vu sa famille entière se faire massacrer, il a perdu toute foi en l’humanité, enfermé dans sa boutique, il se complaît dans le cynisme et la froideur. La mise en scène alterne les prises de vue extérieure du Bronx, quartier plein de vie, de bruit et de misère, et celles de l’intérieur de la boutique, plus calme et ordonné, dans laquelle le héros se réfugie comme dans un tombeau. Ce contraste met en évidence l’absence de sentiment et la solitude du personnage, Lumet multiplie aussi les flash-back sur son passé, en mettant en parallèle la violence des voyous qui règnent en maître sur le quartier et les SS qui gardaient le camp, une jeune prostituée le renvoie également au souvenir de sa femme, devenue esclave sexuelle pour des officiers. La démonstration n’est pas toujours très fine, elle a au moins le mérite de secouer le spectateur. Au final, Sol Nazerman réapprendra à redevenir un homme dans la douleur, brisant tout les murs et les barrages qu’il avait pu se forger pour oublier sa peine.
Johannes_Roger
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le 23 juil. 2014

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