Trois ans avant "Devine qui vient dîner..." de Stanley Kramer, et dans une autre mesure 52 ans avant "Loving" de Jeff Nichols (le sujet est extrêmement similaire, mais traité avec le même recul malgré la distance qui les sépare, résultat étrange), "Le Procès de Julie Richards" investissait en 1964 avec les moyens d'une production modeste le thème du "interracial mariage" aux États-Unis, avec tout ce que cela présuppose en matière de qu'en dira-t-on dans les entourages respectifs.


On s'arrange pour faire le portrait d'une femme divorcée irréprochable, abandonnée il y a 4 ans par son mari, qui noue une relation d'amitié avec un collègue noir qui se transformera en relation amoureuse. Sans atteindre le niveau de douceur et de pertinence de "Nothing but a man" sorti la même année, on peut tout de même apprécier cette façon de dépeindre la relation entre Julie et Frank, la difficulté avec laquelle elle se fera et la difficulté qui apparaîtra plus tard. Car Julie a une fille issue de son premier mariage, et son ancien mari réapparaîtra soudainement dans le paysage.


Quelques aperçus de l'état d'esprit de l'époque, où une femme devait "forcément" être prostituée pour fréquenter un homme noir dans un parc à la tombée de la nuit. Le couple, qui se mariera en luttant contre les préjugés de l'entourage, parviendra à dépasser les réticences fortes de la famille de Frank après la naissance de leur enfant. Très beau moment de réconciliation en famille, à cette occasion. Lorsque l'ancien mari réclamera la garde de l'enfant sous prétexte que la famille noire aurait une mauvaise influence, un procès débutera au tribunal. Plus que pour ses épanchements dramatiques un peu rêches, c'est davantage le sous-texte lié à la conscience sociale de cette Amérique-là qui vaut le détour, pour la transition difficile qu'elle illustrait à l'époque. Force est de constater que depuis, les choses n'ont pas autant évolué que ce qu'on aurait pu imaginer.


http://je-mattarde.com/index.php?post/Le-Proces-de-Julie-Richards-de-Larry-Peerce-1964

Créée

le 11 avr. 2021

Critique lue 286 fois

2 j'aime

Morrinson

Écrit par

Critique lue 286 fois

2

D'autres avis sur Le Procès de Julie Richards

Le Procès de Julie Richards
Morrinson
6

Devine qui va se marier...

Trois ans avant "Devine qui vient dîner..." de Stanley Kramer, et dans une autre mesure 52 ans avant "Loving" de Jeff Nichols (le sujet est extrêmement similaire, mais traité avec le même recul...

le 11 avr. 2021

2 j'aime

Du même critique

Boyhood
Morrinson
5

Boyhood, chronique d'une désillusion

Ceci n'est pas vraiment une critique, mais je n'ai pas trouvé le bouton "Écrire la chronique d'une désillusion" sur SC. Une question me hante depuis que les lumières se sont rallumées. Comment...

le 20 juil. 2014

142 j'aime

54

Birdman
Morrinson
5

Batman, évidemment

"Birdman", le film sur cet acteur en pleine rédemption à Broadway, des années après la gloire du super-héros qu'il incarnait, n'est pas si mal. Il ose, il expérimente, il questionne, pas toujours...

le 10 janv. 2015

138 j'aime

21

Her
Morrinson
9

Her

Her est un film américain réalisé par Spike Jonze, sorti aux États-Unis en 2013 et prévu en France pour le 19 mars 2014. Plutôt que de définir cette œuvre comme une "comédie de science-fiction", je...

le 8 mars 2014

125 j'aime

11