"Le refuge" : contrepied à l'audace

François Ozon est un cinéaste qui souffre de la facilité avec laquelle il réalise un film par an. Visiblement, cela affecte son discernement, c'est-à-dire sa capacité à extraire de son débordement créatif ce qui relève de la profondeur (Sous le sable) et ce qui tient du vide (ce film).
A partir d'un sujet apparemment ambitieux et original (filmer une actrice véritablement enceinte), il nous livre une fiction dont on pouvait attendre, après les fortes scènes inaugurales, un développement autrement plus passionnant. Simplement, il n'a pas voulu s'atteler au véritable sujet de son film, l'absence, en se confrontant à la question de l'attente, de la solitude liées à la disparition de Louis (Melvil Poupaud).
Il n'a pas voulu accomplir un geste antonionien consistant à prendre à bras le corps la question de la durée, la manière dont une absence peut remplir un plan de questionnement confinant à une dimension métaphysique. Il a au contraire choisi l'approche terre à terre en affublant Mousse (Isabelle Carré) du frère du mort (joué très moyennement par un chanteur).
Présence dont on peine à comprendre la nécessité, si ce n'est celle du remplissage; celle de simplement disposer un corps à côté d'un autre, en espérant que l'improbabilité de cette rencontre produira des frottements intéressants. A partir de là, tout est envisageable, même une scène intime achevant de laisser perplexe la manière d'envisager des relations entre homos et hétéros.
JumGeo
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le 31 oct. 2012

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