Ken Russell, c’est un réalisateur amusant. Si le traumatisant Les Diables m’a marqué à vie, il a aussi sorti tout un tas de films méconnus. Son Gothic (sensé disserter sur un week end réunissant les principaux écrivains fantastique du XIXe) m’avait passablement ennuyé, mais restait plutôt sobre. Aujourd’hui, jugeons son Repaire du ver blanc, intriguant film bis qui mêle le kitsch au ridicule.


Vraiment, très surprenant film bis que voilà, car il contient absolument tous les ingrédients pour exciter l'imaginaire du fan de fantastique à l’ancienne. Ken Russell a compris que la force de son matériau venait essentiellement de son originalité et de son premier rôle féminin. Il se centre donc sur son histoire de crâne et sur une mythologie qu’il développe au fur et à mesure du film, articulée autour du vers blanc. L’animal, qui ressemble à un gigantesque serpent, fut en effet l’objet d’un culte romain (un monastère entier fut sacrifié à la fête) et vaincu par un lord local pour la plus grande gloire du catholiscisme, dont le descendant participe chaque année aux fêtes de village. Nous commençons donc sobrement avec la description d’une vie de village plutôt paisible et l’arrivée d’une femme étrange : Lady Sylvia. Et bien chers lecteurs, c’est la trentenaire la plus torride que j’ai pu voir ces dernières années. S’habillant dans des tenues toujours plus affriolantes les unes que les autres, se mouvant avec une grâce empreinte d’érotisme qui racole sans cesse, se livrant à des sous entendus suggestifs, et tout simplement hypnotisante, cette démon femelle est tout simplement le point fort du film. Véritable objet de tentation et de désir, elle se révèle être un Mal insidieux, représentant à elle seule une race intéressante de femme-serpent, aussi gracieuse que vénéneuse, qui de sa morsure paralyse ses conquêtes masculines pour mieux les sacrifier à son idole païenne (le film ose le coup de la fellation paralysante). Si la religion est totalement exclue du film, le culte du ver blanc, assez kitch et surchargé de symboles sexuels (le monstrueux godemichet en ivoire…), fait complètement basculer le film du côté du mauvais goût, l'atmosphère virant à une accumulation de fantasmes plus ou moins cohérents qui en deviennent triviaux de complaisance. Avec ce ridicule sans cesse relancé, le repaire du ver blanc est un authentique plaisir coupable de bisseux, qui sert surtout à apprécier la plastique de la femme serpent qui se révèle être la MILF la plus envoûtante depuis Famke Janssen. Mais si ce personnage est outrancièrement réussi, on se rend compte que Ken Russell est en train de devenir fou. Il nous avait habitués dans sa filmographie à plusieurs séquences complètement hallucinées et chargées de détails qui venaient gonfler la symbolique de ses thématiques. Mais ici, elles virent toutes au ridicule. Si certains symboles viennent rappeler la forme du ver blanc, la séquence du viol des religieuses incrustées sur un dessin animé de flammes avec un christ entravé par le ver blanc, c'est la mort pour les yeux. Les séquences sont laides, incongrues et finalement involontairement drôle (que penser de la scène de rêve ou notre châtelain voit Lady Sylvia en hôtesse de l'air qui lui montre ses jambes alors qu'il mime l'érection avec un stylo rouge ?). Incapable de maintenir ses élans dans une cohérence d'ambiance gothique, le film sombre par moments, ce qui est bien dommage au vu de l'originalité du matériau. Une curiosité qui reste intéressante pour l'amateur de films tortueux, mais sympathiques...

Voracinéphile
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le 15 déc. 2015

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