L'anti-photographie

En 1923, Man Ray est, de son vivant, le photographe du surréalisme et, de sa mort, le photographe de toute la réalité. Il a fait parti de ceux qui, à mon avis, ont dépassé le cadre du fameux rectangle tandis que d'autres se sont évertués, se sont esquintés la vue sur des instincts de chasseur et sur de l'instantané.

Man Ray revisite le magnétisme animal au travers de ce parcours à l'électricité variable. Il cherche rationnellement, à l'aide de ses rayographes, à retranscrire les variations et les changements intempestifs de polarité qui pousse le photographe à fixer le mouvement. Le voilà ce retour à la raison : saisie en premier lieu par la multiplicité des possibles et qui, dans un second temps, est transie. Nous assistons d'une part à une véritable leçon d'hypnose ayant pour sujet final l'érotique mais aussi à la dissection parallèle de l'intention photographique. Cette intention varie comme le corps varie dans son mouvement et, dans son mouvement, fait varier la lumière.

Aujourd'hui, cet exercice me fait penser à une recherche de fréquences afin de capter une justesse que Ray décide de ne pas fixer ou alors de la fixer vingt-quatre fois par seconde.

Trois ans plus tard, Marcel Duchamp reprend dans Anemic Cinema le principe d'hypnose avec l'utilisation appliquée de ses roto-reliefs.