Bien que ce film ait été produit par la Republic Pictures, un studio très pauvre, et qu'il reste secondaire dans la carrière de John Wayne, ce dernier en a toujours gardé un attachement particulier.
Tout d'abord, la société ennemie du bateau contrôlé par Wayne s'appelle Batjak. C'est à partir de ce nom-là que le Duke va appeler sa compagnie de films Batjac. Ensuite, il a l'occasion de tourner avec une actrice qu'il a déjà rencontrée dans L'Ange et le Mauvais Garçon, un an plus tôt, qui est Gail Russell.
Jeune femme d'une grande beauté (elle est morte très tôt à la suite de ses penchants pour l'alcoo), elle commençait déjà à se détourner de Hollywood à cette époque. John Wayne possédant un peu de pouvoir, va presque l'obliger à tourner ce film, où elle se révèle formidable C'est d'ailleurs en compagnie de cette actrice que j'y vois pour l'une des seules fois un personnage de Wayne follement romantique, presque fleur bleue, aspect de sa personnalité qu'on ne verra que trop peu dans la suite de sa carrière. Rien que la caractérisation des personnages joués par ces deux acteurs rendent le film intéressant, en plus du grand méchant joué par Luther Adler.
Pour l'anecdote, une fois qu'il a eu sa maison de production, John Wayne emploiera Gail Russell dans le formidable Sept hommes à abattre, et la sauver une nouvelle fois de son exil hollywoodien.
Pour le reste, Le réveil de la sorcière rouge, contrairement à ce que le titre laisserait croire, n'a rien de fantastique. La sorcière rouge est un bateau ayant coulé sept ans plus tôt, laissant un énorme gisement d'or dans les eaux, et dont divers hommes sont chargés d'en récupérer le contenu, défendu par une pieuvre.
Republic Pictures oblige, le film ne brille pas par les moyens débauchés, et on se doute bien que le réalisateur a dû ruser pour faire croire à quelque chose d'exotique. On voit bien que la pieuvre est une maquette, que bien souvent les décors tropicaux ne sont que des projections, avec pour seuls éléments extérieurs deux-trois palmiers, que les colonisés sont plus montrés comme des nègres que de Noirs bien civilisés, mais Le réveil de la sorcière rouge a le charme de ces films d'aventures rétro.