Souvent considéré comme un Hitchcock mineur, « Le rideau déchiré » reste un thriller d’espionnage solide, porté par une mise en scène exemplaire et quelques séquences de tension typiquement hitchcockiennes. Le film souffre certes d’un rythme inégal et d’un scénario qui manque parfois d’ampleur émotionnelle, mais il conserve suffisamment d’élégance et d’ingéniosité visuelle pour mériter l’attention.
L’intrigue, centrée sur un scientifique américain (Paul Newman) simulant un passage à l’Est pour dérober un secret scientifique, offre un terrain fertile au suspense. Hitchcock s’amuse à mettre en scène la paranoïa ambiante et les pièges d’un territoire hostile. La fameuse scène du meurtre dans la ferme, longue, maladroite et extrêmement physique, est l’un des sommets du film : elle montre le réalisateur déterminé à briser les codes du meurtre « propre », illustrant la difficulté réelle d’ôter la vie.
Cependant, le duo Paul Newman – Julie Andrews, pourtant prestigieux, manque de chimie. Andrews, sous-utilisée, ne trouve pas véritablement sa place. Le film pâtit également de dialogues parfois mécaniques et d’un dernier acte un peu étiré.
Malgré ces réserves, « Le Rideau déchiré » reste un divertissement efficace : élégant, tendu par moments, et nourri par l’expertise visuelle d’Hitchcock. Le film ne brille pas autant que les grands titres du maître, mais il demeure un espionnage classique, plaisant et techniquement impeccable.