N’eut été de la présence de Deborah Kerr, je ne crois pas que j’aurais eu la patience de me rendre jusqu’ au générique final du Roi et moi. Une comédie musicale filmée pratiquement comme sous le mode captation. Une caméra souvent fixe, en plan large, saisissant l’action comme si elle se déroulait sur scène. Une production où la direction artistique vole le show au réalisateur alors que les personnages se déplacent dans des décors de palais majestueux aux couleurs de peintures à numéros. Deborah Kerr y traîne sa robe à crinoline dans la peau d’une gouvernante tentant d’amadouer, civiliser et conscientiser un roi tyrannique. La morale de l’histoire n’est pas sans pas sans intérêt. Une jeune femme veuve aux vertus exemplaires va finalement tomber en amour avec le despote qu’elle tente de transformer; charmée par la naïveté qui se cache sous les réactions violentes d’un roi narcissique par éducation. Cette dualité candeur-sévérité chez le monarque siamois est bien servi par les traits spéciaux de Yul Brynner dont le cabotinage lui aura tout de même permis d’installer une statuette sur sa cheminée. Cette production tape à l’œil a marqué la carrière de Walter Lang qui a débuté sa carrière de cinéaste dans les années folles. Son approche respectant jusqu’à un certain point la version scénique de la comédie musicale s’inscrivait davantage dans la culture de l’époque. À revoir l’œuvre des décennies plus tard, c’est davantage le manque d’imagination et les longueurs insupportables qui nous sautent aux yeux au risque de nous faire décrocher avant le The end.