Le Roi Lion
5.7
Le Roi Lion

Long-métrage d'animation de Jon Favreau (2019)

Avant toute chose, évitons la fanbase enragée. Non, je ne vais pas construire ici une critique assassine du film pour suivre une tendance. Non, je ne vais pas construire un argumentaire juste pour le plaisir de descendre ce film. Oui, je compte bien vous faire part de mon opinion. Et oui, cette critique risque d’être objective. Gardez bien cela au cours de votre lecture, on échangera par la suite dans les commentaires avec un grand plaisir. Oh, également, je pars du principe que vous avez tous vu le Roi Lion, et ce film n’apportant aucune nouveauté à l’histoire, je ne vais pas lésiner sur les « spoils », vous voilà avertis. Je me tairais juste sur les différences notables pour vous garder quelques surprises.


L’annonce du Roi Lion en film live avait un petit quelque chose qui ne m’attirait pas énormément. Oui le trailer était beau, les images splendides, la jungle à son sommet. Mais avais-je réellement d’aller voir ce film ? Et bien, pas tellement. Bien que j’aie adoré le dessin animé de TWDC à l’époque, je ne suis guère un amoureux et un fervent défenseur de leurs productions. Ce film ne m’était peut-être tout simplement pas destiné. Mais bon, pourquoi ne pas se laisser tenter et aller profiter d’une séance cinéma sympa ? Puis arriva les premières critiques. Je n’ai pour habitude de lire les critiques d’une production que lorsque celle-ci m’intéresse au plus haut point. Et même lors de bashing unanime, je continue de m’intéresser à ces productions pour me forger mon propre avis, parfois à l’encontre total de la tendance sociale. Mais en ce qui concerne les productions qui m’attirent moins, généralement j’évite les critiques pour ne pas avoir une piètre opinion et ne pas partir sur un avis biaisé. Mais finalement, aurais-je eu un regard sur le Roi Lion ? Je ne pense pas.


Commençons par le positif. Première image, première note de musique, et un joli petit retour en arrière (en enfance dans mon cas) qui s’en retrouve sublimé. La réalisation est splendide, chaque plan de cette ouverture colle à ceux du dessin animé. L’effet est en place, la magie est au rendez-vous, les frissons nous parcourent, et la chanteuse arrive. Et là, on se rend bien compte que non. La magie n’opère plus lorsque les nouveaux doubleurs décident de faire leur libre interprétation. Car cette chanson ne ressemble presque plus à l’originale et ne possède ni la puissance ni la magie d’autrefois. A partir de cet instant, j’ai rapidement saisi qu’il m’allait être difficile d’apprécier le film si on part sur une telle approche.


Et c’est bel et bien la direction que va prendre le film. Nouveaux doubleurs, chanteurs, nouvelles interprétations, chacun essayant de s’imprégner de son personnage comme il le peut, mais la sauce ne prend pas du tout. L’un des plus décevants est Jean Reno. Seul doubleur d’époque, qui retrouve Mufasa pour la seconde fois, mais quelque chose s’est passé depuis toutes ces années, et notre acteur ne parvient plus à retranscrire toute la puissance du personnage, faisant de ce dernier un lion fort, mais loin d’être inoubliable. Son script également a été changé. Une des scènes clés, qui arrive au milieu du film, ne retranscrit plus tout le mystique d’époque. Et c’est vraiment, car cette scène a été magnifiquement réalisée avec cette apparition dans un orage nuageux. C’était beau. Mais le dialogue a, à mon sens, gâché cette scène. Autre scène magnifiquement raté, pour une double raison, est la mort de Mufasa. J’ai constamment versé une larme dans ce dessin animé, même aujourd’hui ce serait le cas. Grâce à l’animation qui vous déchire le cœur, et le doublage d’un Simba parfait à briser la roche qui peut recouvrir votre âme. Mais dans ce film…. Et bien rien de tout cela. Si beaucoup pointe du doigt l’animation faciale des animaux qui ne génère aucune émotion, je reste convaincu qu’avec un meilleur doubleur pour Simba, j’aurais pu verser une nouvelle larme. Seulement, ici nous avons un doublage de piètre qualité, vidé de toute émotion, bien plus fade que les animations elles-mêmes. Dès les premiers mots de notre lionceau fétiche, j’ai rapidement compris que le doubleur choisi devait être un Jean-Kevin fan de Fortnite et qui voulait se faire un kiff. Bon. Je vais loin et sûrement un peu fort. Pardonne-moi Lorik Saxena, mais dans ce film tu ne m’as aucunement convaincu. Ne t’éloigne pas trop cependant, car j’ai des reproches à faire à ton compère.


Continuons sur le doublage. Zazu n’est pas convainquant non plus, accentuant plutôt un aspect bouffon de la cour que serviteur lourdingue du roi. Pourtant, il s’agit là de la voix française de Bob l’éponge. Cet acteur n’a donc pas un CV vierge, il est même bien garni de bonnes références. Alors la faute à qui ? A Sebastien Desjours qui manquait de motivation sur le doublage ? A un script mal écrit qui ne rend pas hommage au personnage ? Je vous laisse juger. Et enfin Scar. Comment ne pas regretter Jean Piat et sa voix sombre qui offrait un charisme légendaire à ce lion ? Ici nous avons un problème de voix, qui pas mauvaise, ne parvient à succéder à la voix originale qui avait offert un excellent travail. La barre était très haute, ce n’est donc pas totalement ta faute. Mais nous avons également un réel problème d’animation. Si dans le dessin animé Scar était tout pouilleux, il n’en possédait pas moins un réel charisme qui pouvait le rendre effrayant. Dans le film, le choix a visiblement été de créer un lion à l’apparence malade et mourante. Alors certes, en termes de scénario cela permet de comprendre ses motivations, mais il a perdu tout le charisme du dessin animé. Et c’est dommage.


Finalement, seules quelques personnes tirent leur épingle du jeu dans ce doublage français. Mention toute spéciale aux doubleuses de Nala, enfant comme adulte, qui ont parvenu à s’imprégner de leur personnage et à leur rendre un véritable hommage. Et enfin, et ce contre tout attente, Jamel Debbouze. J’avoue qu’en ayant vu son nom à l’affiche j’ai pris peur, car je ne supporte plus de l’entendre. Mais je dois me rendre à l’évidence, il s’en est extrêmement bien sorti dans son doublage mais également dans les chants.


A ce propos, parlons-en des chants, car il s’agit là du véritable point noir de ce film. Au début de cette critique je vous ai fait part de mon problème avec la chanteuse qui n’a pas massacré la scène d’ouverture mais qui m’a vrillé quelque peu les tympans. Mais ce n’est pas mieux pour le reste du casting. Quand on prend un casting pour un film où il y aura des chants, ne vaut-il pas mieux prendre des personnes capables de chanter comme il faut plutôt que de prendre des acteurs pistonnés parce que l’on veut mettre des noms en tête d’affiche ? Même pour Simba, enfant comme adulte, il a fallu prendre des chanteurs de The Voice pour lui donner le La. Mais si autant Simba adulte a ronronné dans mes oreilles lors des phases de chant, l’interprétation de Simba enfant réalisée par Ismaël El Marjou est un ratage complet nauséabond. La chanson « Je voudrais déjà être roi » est un fiasco complet, entre un Simba à côté de ses pompes et un Zazu qui a décidé que non, il ne chantera pas, seule Lévanah Solomon (une Youtubeuse qui a prêté sa voix à Nala) s’en sort très bien avec sa partition. Enfin, pour continuer sur cette lancée qui m’a mis en colère durant tout le film, la chanson « Soyez Prêtes ». Pourquoi ? Alors oui, le studio se défend en mode, on ne veut pas trop car ça fait totalitaire et c’est politiquement dangereux de montrer ça. Ok. Alors pourquoi l’avoir fait en 1994 ? Où est la différence ? Que l’on m’explique. Ou bien il aurait fallu supprimer cette chanson définitivement car la mascarade que vous nous offrait est une vaste blague très mal jouée par Sebastien Desjours. J’ose croire qu’il a été autant déçu que moi sur ce sujet, et c’est pourquoi il nous a offert un chant de piètre qualité (et une fois encore nous partons sur une base avec Jean Piat, donc la barre reste placée tout en haut). Je lui accorde le bénéfice du doute.


Enfin, concernant l’histoire, rien n’a été retouché. Enfin presque rien. Quelques petites scènes ont été ajoutées ci et là. Certains forts sympathiques, pas nécessaires, mais sympathiques. D’autres totalement inutile, et où j’apprécierai que l’on m’explique l’intérêt. Notamment la scène avec les poils de Simba qui se balade dans la nature. Que c’était long. Déjà qu’à ce stade le film avait perdu tout mon intérêt, là il l’aura achevé. C’était quoi ça ? Une scène supplémentaire parce que les gens sont trop cons pour comprendre le dessin animé, et pourquoi Rafiki devine que Simba est vivant ? Etait-ce réellement nécessaire ? Ne pouvait-on pas faire s’envoler les poils et les faire arriver directement à Rafiki ? (D’ailleurs, au passage, toi je t’ai oublié. Ton doublage n’a pas été mauvais, mais le rire d’époque me manquait.) Enfin, le duo Timon et Pumba fonctionne toujours aussi bien. Quelques vannes supplémentaires ont été ajoutées bien qu’elles étaient dispensables. Je pense notamment à la scène de l’appât pour les hyènes, ou tout ce qui tourne autour de Hakuna Matata. Et c’est justement là que les questions sur le public visé par le film me sont venues à l’esprit.


Comme le disait Dewie « Je ne m’attendais à rien, mais je suis quand même déçu ». C’est bien la première fois que cette citation colle à la perfection de mon ressenti sur un film. Les musiques ayant été le moment le plus douloureux pour ma part. Il suffisait de regarder dans la salle. Personne ne s’enjallait sur les diverses chansons, même Hakuna Matata, alors que cette dernière met tout le monde d’accord en soirée. Peut-être ne suis-je pas le public visé me dis-je. Je ne suis pas assez fan. Car les blagues de nos deux compères autour de Hakuna Matata nous font bien comprendre que ces scènes sont destinées aux nostalgiques du dessin animé. Mais pourtant, les fans absolus sur roi lion n’ont pas été nombreux à verser une larme. Les demandeurs d’une injection de nostalgie ont été incroyablement déçus du massacre. Alors qui s’adresse ce film en fin de compte ? Peut-être à la nouvelle génération qui ne connaît pas le Roi Lion et qui saura apprécier cette version française loin d’être à la hauteur de l’original. Car le film est très beau et mérite d’être vu. Mais je ne saurais que vous recommander de fuir la version française et de vous tourner vers la version originale bien plus douce aux oreilles et méritante. Bref, encore un travail français bâclé. Manque de motivation ? Qu’en sais-je. Quoiqu’il en soit, mon prochain visionnage sera en V.O.


A vos écrans.

Nightmare
4
Écrit par

Créée

le 1 août 2019

Critique lue 197 fois

Nightmare

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