Nul mais nawak

Il semblerait que les ventes DVD du Roi Scorpion 2, aussi mauvais soit-il, aient suffit pour qu’un troisième film soit mis en chantier. Ce coup-ci, on fait appel à des seconds couteaux aux têtes bien connues du public histoire que ça fasse faussement prestigieux. On aura donc droit à Ron Perlman (Alien 4, Le Nom de la Rose), Temuera Morisson (L’âme des Guerriers) ou encore Billy Zane (Titanic, Retour vers le Futur 2). Et comme un ancien catcheur avait bien fonctionné pour le premier film, ils ont fait venir (pour un petit rôle) l’ancien catcheur qui se reconvertit au cinéma Dave Bautista, qui n’avait pas encore connu la consécration avec son rôle de Drax dans la saga Les Gardiens de la Galaxie. A la réalisation, ils font venir un spécialiste des suites en DTV, le hollandais Roel Reiné, déjà coupabl… euh… déjà metteur en scène de The Marine 2, Death Race 2, 12 Rounds 2, The Condemned 2, Chasse à l’Homme 2, ou encore En Territoire Ennemi 4. L’homme de la situation en somme. Tourné en Thaïlande pour un budget estimé à 5M$US, Le Roi Scorpion 3 est une suite du premier film, là où Le Roi Scorpion 2 était une préquelle. Aussi mal noté que le 2ème film, ce Roi Scorpion 3 : L’œil des Dieux est beaucoup, mais alors beaucoup plus fun, bien que, objectivement, ça reste nul. Nul mais fun donc.

Le scénario est ultra basique. Mathayus, le Roi Scorpion, n’est plus roi. Il est devenu mercenaire depuis que sa femme est morte et qu’il a perdu son royaume. Une quête va lui être confiée par le Roi Horus et il va devoir faire équipe avec d’autres comparses (un teuton, une ninja) pour l’accomplir. Mais surtout, on cherche encore la cohérence et on a vraiment l’impression de quelque chose fait à la va-vite juste pour surfer sur un nom qui, sincèrement, n’a rien de reluisant dans l’absolu malgré un premier film sympathiquement fun. Ici, ça mélange divers royaumes qui n’ont rien à voir ensemble (en termes de temporalité j’entends), on se contrefout complètement de l’aspect historique de la chose, comme si les producteurs semblaient se dire que de toute façon, y’a que des gros débiles qui regardent ces suites bas de gamme. Sans parler des anachronismes à la pelle avec tout un tas de choses qui n’existaient pas à l’époque (coucou le parquet flottant, coucou le trébuchet). Le casting est ce qu’il est. Entre un Victor Webster, qui reprend le rôle de Dwayne Johnson mais sans le charisme, qui fait ce qu’il peut avec les moyens qu’il a, et ils sont faibles, des têtes connues pas bien inspirées et qui semblent s’en foutre un peu et attendent le chèque qu’ils sont venus chercher (coucou Ron Perlman), un Billy Zane en surjeu total car il semble n’en avoir plus rien à foutre, ça fait parfois un peu peine à voir. Alors oui, Temuera Morisson semble y croire, mais il est bien le seul. L’humour, via des punchlines aussi recherchées que le scénario, est souvent bien puéril, allant jusqu’à oser les gags à base de rots. Mais Le Roi Scorpion 3 est très bien rythmé, ne laissant que peu de place à l’ennui. C’est scène d’action sur scène d’action. Même quand ce n’est pas des batailles, les personnages se mettent sur la gueule entre eux, pour l’amour de la blague.

Certaines scènes d’action tiennent plus de Bud Spencer et Terence Hill qu’autre chose, avec des échanges de bourre-pif pas des plus recherchés. A toi, à moi, à toi, à moi, et à la fin on finit avec une petite blagounette. D’autres sont un peu plus intéressantes. Elles sont mal filmées, mal montées, avec un surdécoupage qui pourrait vous abimer la rétine, mais c’est tellement le bordel à l’écran, avec des soldats, des éléphants, des bannières en veux-tu en voilà, des costumes de toutes les couleurs, des armes de siège, que ce bordel devient parfois assez jouissif. Et il y a même des ninjas et des guerriers magiques sortis d’un livre des morts. Ça se donne un côté impressionnant avec des éléphants et plein de figurants, mais entre les costumes foireux et les nombreux drapeaux faits avec tous les bouts de tissus qu’ils ont trouvés en mode OSEF la cohérence, c’est plus ridicule qu’autre chose et on est rapidement perdu. Qui est contre qui dans tout ce bordel ? La mise en scène frôle souvent le n’importe quoi et il semblerait que Roel Reiné n’en avait rien à foutre lui non plus, jouant avec sa caméra un peu n’importe comment jusque dans les scènes de dialogues. Les CGI sont du même niveau que ceux du 2ème film, c’est-à-dire ultra voyants, avec des décors qui sonnent souvent très faux dès qu’il faut représenter le gigantisme de certains paysages. Mais heureusement, ils ne sont que peu utilisés (à l’inverse du 2ème film). Quand on n’a pas de pognon, on évite de montrer la misère. En soi, Le Roi Scorpion 3 est tout aussi nul que son prédécesseur mais il a l’avantage d’être très fun avec son avalanche d’action, son avalanche de n’importe quoi au nom du divertissement. Difficile de s’ennuyer, ce qui en fait un bon moment de détente pour qui a envie de se marrer devant un mauvais film sympathique. A voir avec de la bière, de la pizza, et des potes.

Le Roi Scorpion 3 ose à peu près tout au nom du divertissement et il en résulte un film tout aussi mauvais que le deuxième, mais pourtant relativement fun tant il est généreux en spectacle parfois nawak et débridé.

Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-le-roi-scorpion-3-de-roel-reine-2012/