Bruissement du maquis

Une relation père-fille au cœur du maquis corse, c'est la proposition de Julien Colonna pour ce long-métrage qui reste peut-être une de mes plus belles séances de cinéma de l'année 2024. On côtoie cette organisation familiale si propre aux Corses et à leur histoire. De repaire en maisons perdues au beau milieu de la campagne, le film capture des scènes de vie clandestines pour ceux qui ont dédié leur à vie à elle.

Nous suivons à la trace ce père, bandit de grand chemin dont on ignore quasiment l'ensemble de sa carrière mais nous sentons à travers l'écran transparaitre l'aura qui l'entoure. Sa bande est là suspendue à ses lèvres et à ses futures stratégies. Disposant d'un réseau construit lors de nombreuses années il sait rebondir.

Dans sa recherche de lieux protecteurs, on retrouve sa fille, une jeune Corse qui a grandi loin de ce père mystérieux mais qu'elle est bien décidée à suivre. Dans ces décors naturels que seule la Corse a le privilège d'héberger on se faufile sous les pins entre les criques et les sangliers. La pression constante qui entoure les personnages principaux laisse à penser que l'attaque est imminente et que les refuges sont de moins en moins surs.

A travers les différentes facettes de la vengeance et des actions armées, plus spectaculaires qu'inattendues on se cramponne jusqu'à la dernière minute pour échapper aux loups solitaires dont on distingue quelle est la main qui les nourrit.

Avec ce film, c'est un bon en arrière dans l'histoire de l'île que nous faisons avec la fin des années 90 et le règne des guerres de clans "à l'ancienne" qui sont dépeintes de manière très juste. Comment ne pas parler de la musique dans ce film où les polyphonies rythment les moments calmes face aux flots.

Une leçon de vie dans un milieu qui ne pardonne aucun écart et qui ne laisse pas le choix de tergiverser une fois que l'on croise la route d'un canon scié. Une pépite détonante, d'une vitalité folle qui prouve une fois de plus le talent de nos cinéastes.