L'idée d'adapter au grand écran une série de livres pour enfants populaire, éducative et imaginative n'était certes pas un mauvais plan, mais réunir la plupart des notions théoriques et des termes académiques des romans Guardians of Ga'Hoole de Kathryn Lasky dans un film d'à peine une heure et demi l'était peut-être davantage. Les hiboux et les chouettes sont rarement les animaux étudiés en premier par les enfants ; on connaît bien sûr leur cri, leur physionomie générale, mais on ignore, très certainement, leurs habitudes de chasse ou les caractéristiques de leur système digestif.
La Warner tente tout de même le coup et confie le travail d’écriture au duo John Collee et John Orloff. Ce premier a déjà travaillé sur un film avec des volatiles, en 2006, sur Happy Feet. Un habitué de l’écriture ornithologique en sommes.
Pour mettre en scène le film, la Warner va chercher un des ses soldats, Zack Snyder qui a déjà travaillé pour le studio sur son film précédent : Watchmen. Le réalisateur est un habitué des adaptations et il accepte de travailler sur le projet pour faire plaisir à ses enfants.
Legend of the Guardians : The Owls of Ga'Hoole sort pendant la période de Halloween 2010.
Soren, jeune chouette idéaliste, rêve des grandes batailles épiques qui auraient vu s’affronter les Gardiens de Ga’Hoole et les Sangs Purs. Bercé par ces récits mythiques, il est la cible constante des quolibets de son frère, Kludd, pour qui Ga’Hoole n’existe pas. Alors qu’ils apprennent à peine à voler, ils sont victimes d’un enlèvement par des chouettes surpuissantes, les fameux Sangs Purs. Loin de chez eux, ils vont devoir choisir entre la soumission ou la révolte. Porté par sa foi inébranlable dans l’existence des Gardiens, Soren parvient à s’évader et se lance à leur recherche pour sauver une nouvelle fois le royaume.
Parcours initiatique qui confronte la croyance des mythes fondateurs à la réalité, le film surprend de prime abord par la minutie apportée à la création des volatiles. Animés par Animal Logic (déjà en charge des manchots de Happy Feet), les chouettes de Zack Snyder sont tout simplement magnifiques. Plumages mordorés des Grands-ducs, robe immaculée de la reine des Sangs Purs, serres parfaitement acérées, yeux hypnotiques, on assiste à un défilé de haute couture version oiseaux. En plein vol, on contemple les plumes légèrement agitées par le vent, d’une incroyable véracité.
Zack Snyder ne délaisse pas ses marottes. Les combats de chouettes sont ainsi alourdis d’une grandiloquence visuelle un peu fatigante (sans compter que la 3D demande un effort considérable). Les bestioles, harnachées de casques métalliques et de griffes d’acier, brandissant même parfois des poignards, s’étripent en l’air à coups de ralenti en pleine action aussitôt suivi d’accéléré. Les tics de réalisation prennent ici une ampleur démesurée. Même l’observation des oiseaux en vol stationnaire se double de zooms et dezooms anarchiques. Ces innombrables artefacts spectaculaires desservent le film d’animation, éloignant progressivement le spectateur de l’univers onirique présenté en préambule.
Legend of the Guardians : The Owls of Ga'Hoole cherche son souffle épique, mais s’étouffe sous une mise en scène asthmatique et convulsive, confondant héroïsme et grandiloquence. Par ses effets, le film risque de ne pas convaincre le public enfantin visé. Trop agressif visuellement, il paraît être plus calibré pour les adolescents. Mais le scénario gentillet et l’omniprésence des chouettes pourraient ne pas allécher ces même adolescents.