Jusqu'alors, ma culture historique concernant le drame dit de Mayerling se résumait en une tragédie furieusement romantique sur la base d'un différent politico - familial entre l'empereur François-Joseph et son fils, l'archiduc Rodolphe. Illustré par le film de Terence Young de 1968, sobrement titré "Mayerling"...
Eh bien voilà t-y pas que Jean Delannoy nous a sorti en 1949 "le secret de Mayerling" !
En plus avec Jean Marais ! Dès que j'ai vu ça, mon sang n'a fait qu'un tour : "diable, il faut absolument et sans délai me trouver cette version pour au moins accroître ma connaissance de cette partie incontournable de l'Histoire.
Et pour faire bonne mesure, je re-regarderai bientôt le film de Young, histoire de le mettre en parallèle.


Delannoy et ses scénaristes Jacque Remy et ¨Philippe Hériat semblent avoir eu accès à des documents prouvant de manière irréfutable que l'archiduc Rodolphe, héritier de l'empire austro-hongrois a été assassiné par des émissaires de Bismark en cheville avec le pouvoir de François-Joseph car Rodolphe ambitionnait de rendre l'indépendance à la Hongrie contrariant ainsi la vision politique pangermanique. En plus, Rodolphe était francophile et admirateur de Clémenceau, grand ami de l'Allemagne comme tout le monde sait, voyez-vous ça. Un républicain qui s'ignorait, quoi !
Effectivement, la barque "Rodolphe" était bien chargée ...


Je me garderai bien de me prononcer sur la réalité de tout ça et me contenterai de parler du film et de sa distribution.


Déjà, on sent que c'est un film à petit budget à voir les décors assez limités et le casting sans grandes vedettes. Mais malgré tout, le film parait bien réalisé avec des effets de caméras en particulier dans le pavillon de chasse de Mayerling ou par exemple dans les scènes de bal au palais de la Hofburg. On sent qu'il y a du métier chez Delannoy.
Les costumes ou les aspects des principaux protagonistes sont assez soignés de sorte à ce que le spectateur retrouve ses marques facilement ... les gros favoris de l'empereur François-Joseph, la très très longue chevelure de l'impératrice Sissi, les fines moustaches de séducteur patenté de Rodolphe, l'air déconfit de l'archiduchesse Stephanie (l'épouse de Rodolphe) avec le mot "cocue" presque gravé sur son front, l'air ingénu de la nana dont on devinera sans qu'on nous le dise qu'il s'agit de la fameuse Marie Vetsera ...
Même la maison où le couple se rend qui est remplie de trophées de chasse en tous genres : on comprend instantanément qu'il s'agit du relais de chasse Mayerling ...
Malgré tout cela, il me semble que de nombreuses invraisemblances émaillent le film notamment dans les libertés prises par les personnages dans leurs paroles ou attitudes ; en effet, je pense que l'étiquette dans une cour impériale, germanique de surcroît, à cette époque devait être extrêmement rigoureuse et ne pas laisser passer grand chose.


Ensuite le casting :
D'abord Jean Marais, beau comme un jeune dieu avec sa fine moustache. Son personnage est tour à tour sérieux (quand il complote avec les hongrois ou qu'il s'engueule avec François-Joseph), cynique et super mufle avec les femmes qu'il croise et qui attendent (stoïquement, comme à la parade) son bon vouloir (pour le rejoindre dans son lit), jouisseur (il semble bien aimer la boisson et la fiesta avec les potes) et timido-romantique avec la jeune Marie Vetsera, qui sort juste du couvent (17 ans) et est en adoration devant l'archiduc.
Ce n'est pas dit dans le film pour ne pas trop casser l'ambiance mais notre Rodolphe était en réalité pourri jusqu'à la moelle par la syphilis. Que ne ferait-on pas (dans la vraie vie) pour une minute de bonheur dans les bras de l'archiduc...
Bref, nous avons affaire à un Jean Marais dont le film s'attache à ne lui reconnaître que son aspect "tombeur de ces dames" et "irréductible amoureux"


Le personnage de Marie Vetsera est interprétée par Dominique Blanchar que, personnellement, j'ai trouvée quand même un peu trop nunuche et pas si attirante ; enfin, je n'ai pas trop compris comment Jean Marais, dont j'ai dit plus haut qu'il n'avait que l'embarras du choix, était tombé dans les rets de la jeune oiselle. Qu'est-ce que diantre, elle avait de plus que les autres ?


C'est Jean Debucourt, méconnaissable derrière ses gros favoris, qui joue le rôle de François-Joseph.
L'épouse officielle de Rodolphe, l'archiduchesse Stephanie, est jouée par Silvia Monfort qui joue très bien son rôle de femme trompée mais qui porte haut sa fierté.


Au final, Jean Delannoy a mis en scène une thèse - parmi d'autres - de la réalité historique de ce drame impérial qui a pu être à l'origine de la première guerre mondiale. Ce n'est pas complètement inintéressant, bien sûr, mais il n'y a pas de quoi passionner le spectateur que je suis. Reste Jean Marais, bien sûr. Mais là, il ne pourfend aucun ennemi à la pointe de son épée. Il est plutôt dans un rôle sans gloire.

JeanG55
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le 12 avr. 2022

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