Avec le temps, Le Seigneur des Annaux de J.R.R. Tolkien est devenu le défi cinématographique ultime. Épopée grandiose, épique et dramatique, l'oeuvre était réputée inadaptable et hormis un film d'animation en 1978 (réalisé par Ralph Bakshi qui aura été un échec cuisant, compromettant la sortie d'une éventuelle suite) et un projet malheureusement avorté avec les Beatles, le bijou de la littérature de fantasy n'a pas eu droit à une adaptation à la hauteur.


Mais c'est en 2001 que sort La Communauté de l'Anneau, adaptation du premier livre éponyme du roman, premier d'une trilogie de films de plus de trois heures chacun en version longue. Le film est évidemment un franc succès, aussi bien critique que commercial, et remets la fantasy au goût du jour sur grand écran, ou du moins remets ce registre à la mode pour trois ans. Trois ans où vont se succéder trois films à l'ampleur inégalée, et La Communauté de l'Anneau remplit son rôle d'introduction à cette fresque de fantasy à merveille.


Les bases d'un univers complexe et dense sont posées, les personnages sont attachants, écrits avec intelligence et assurent leur rôle avec brio. Ce n'est pas difficile, vu les pointures du casting 7 étoiles. Si l'on pourra reprocher au jeune Elijah Wood son côté effacé (son jeu s'améliorera au fil des films) ainsi que le reste des hobbits, le reste du casting s'en sort à merveille. Ian McKellen campe un Gandalf jonglant à merveille avec situations comiques et situations dramatiques (voir tragiques), Viggo Mortensen, charismatique dans le rôle d'Aragorn, et les elfes incarnés par Hugo Weaving et Cate Blanchett qui ont l'air tout droit sortis du classique de Tolkien, au vu de leur prestance et l'impossibilité pour le spectateur de leur donner un âge certain, tout comme il est écrit dans le livre, comme s'ils étaient les incarnations même des personnages qu'ils interprètent. Cette distribution déjà solide est renforcée par le reste du casting, dont Sean Astin, Sean Bean, Orlando Bloom, Ian Holm ou encore Liv Tyler, sans compter le géant Christopher Lee qui en plus d'être né pour incarner Dracula, est aussi venu au monde pour incarner Saroumane !


Howard Shore signe ici une Bande Originale épique et magistrale, qui transcende l'oeuvre et reste en accord avec chaque scène du film, et qui, l'instar des deux tomes à venir, fiche le frisson à certains moments :


La "mort" de Gandalf et la sortie des Mines de la Moria, le sacrifice de Boromir à la fin du film.


Si certains passages du livre ont été évincés afin de faciliter la narration (le passage assez "What the Fuck !?" je dois dire de l'apparition de Tom Bombadil par exemple), cela ne nuit pas à la qualité du film, et certains aspects au contraire non développés dans le roman ont gagné de l'importance dans l'adaptation, comme les scènes à l'eau de rose entre Aragorn et Arwen. On remarquera aussi que les femmes (ici Arwen et Galadriel) prennent une plus grande importance que sur le format papier qui malgré toute sa richesse, reste néanmoins un peu misogyne, et ce n'est pas pour déplaire.


Une introduction qui réussit son pari, et qui prends son temps pour convaincre le public. Car l'univers et l'histoire sont détaillées, en plus de 3h30 en version longue (cette version surpassant de loin celle sortie sur les écrans). Cet "étalement" de la temporalité qui peut déplaire à certains (oh trop long, oh trop mou, oh trop chiant !) reste une qualité nécessaire dans l'élaboration d'un univers aussi riche sur format cinématographique, surtout dans le registre de la Fantasy afin de pondre une oeuvre digne de ce nom et indéniablement de bonne qualité. Un aspect que les cinéastes d'aujourd'hui ont tendance à oublier, en pondant des premiers tomes trop courts, pas assez développés et généralement bien plus portés sur de l'action à gogo afin de fidéliser un public assez rapidement sans prise de risques (cf. Warcraft, le Commencement qui promets une trilogie) et c'est bien dommage, car La Communauté de l'Anneau, cliché typique du film d'aventures ambitieux ponctué de dramaturgie et d'épique, le tout sans quasiment aucun cliché hollywoodien en vogue, est un bijou à (re)découvrir.
Le plus magnifique dans tout ça, c'est qu'on sait que Peter Jackson, pour qui ce film sera le début d'une gloire éternelle, et son équipe de choc vont faire encore mieux avec les deux chapitres suivants.

Tom Bombadil

Écrit par

Critique lue 235 fois

D'autres avis sur Le Seigneur des Anneaux - La Communauté de l'anneau

Du même critique

Surfing With the Alien
Tom-Bombadil
8

Qui a dit que la musique instrumentale n'était pas de la musique ?

En 1987, le hard rock et le metal sont en plein âge d’or et le monde glorifie la guitare électrique (comme le font actuellement les jeunes...mais avec Jul) , tels le prouvent deux mastodontes de puta...

le 1 mars 2018

7 j'aime

2

Brain Salad Surgery
Tom-Bombadil
6

Chirurgie du cerveau sans anesthésie

En s'attaquant à Brain Salad Surgery, on ne sait pas à quoi on fait face, même en étant amateur de prog, car ce quatrième opus des zigotos de Emerson, Lake & Palmer n'est pas un album non, c'est...

le 11 déc. 2020

5 j'aime

La Ligne rouge
Tom-Bombadil
9

Malick à son zénith...

Personnellement j'ai approché Terrence Malick à l'inverse de la plupart des gens. J'ai commencé par The Tree of Life, puis je me suis intéressé à son revirement expérimental avec Knight of Cups...

le 29 sept. 2017

4 j'aime

1