Une immense oeuvre. Ici, Peter Jackson fait vivre son film en prenant le temps de présenter l'univers de Tolkien, d'introduire ses personnages. On s'immisce alors avec plaisir et sans une once d'ennui dans la paisible vie des Hobbits, préparant l'énième anniversaire de Bilbo. Peter Jackson prend son temps, tire profit de la durée du film, l'utilise pour faire naître une totale empathie pour ses personnages. Ainsi le spectateur est profondément impliqué dans la suite (ou plutôt le début) de l'aventure. De cette totale empathie naît presque un sentiment de "complicité" avec les protagonistes. On est alors impressionné par le charisme d'Aragorn et de Gandalf, émut par Frodon, amusé par Gimli et les Hobbits, méfiant vis à vis de Boromir et respectueux envers l'humilité et le calme de Legolas.
Ce premier film introduit aussi une foultitude d'éléments qui sonnent comme des promesses faites au spectateur et qui feront le sel de ses suites.
Peter Jackson aime l'univers qu'il met en scène et nous le fait ressentir notamment en multipliant les plan d'ensemble. Il se sert de sa caméra pour nous faire visiter les Terres du Milieux et exploite à merveille son cadre sans oublier d'iconiser ses personnages et ses créatures avec talent (cf le Balrog ou Aragorn). Certains plans sont tout bonnement magnifiques. Le côté extraordinaire, incroyable de cet univers est décuplé par la sublime composition d'un Howard Shore au sommet de son art. On salue aussi les scènes de bataille, toujours lisibles et bien chorégraphiées, faisant naître une certaine adrénaline chez le spectateur.
Alors bien sur on peut regretter quelques lourdeurs dans la mise en scène (de l'anneau par exemple) même si elle reste le plus souvent virtuose ou un effet de montage en particulier qui parait bien cheap aujourd'hui (ces affreux fondus avec en fond les visages d'Elrond et de Frodon lors de l'arrivée à Fondcombe) mais cela n’entache en rien ce premier acte d'une aventure humaine sans pareil.
Le blockbuster dans ce qu'il a de plus noble.