Selles brûlantes

Seconde réalisation de Mel Brooks après les Producteurs qui l'avait fait remarquer, le Sheriff est en prison est inracontable car il développe une sorte de comique à sketches avec des gags et des répliques qui fusent issues de petites saynètes. Le scénario est donc très approximatif, cette histoire de "selles brûlantes" d'après la traduction littérale du titre original, doit se voir un peu comme un numéro de music-hall ; par rapport à son film suivant, Frankenstein Junior, où le scénario suit une trame linéaire, ici c'est du délire total.
En 1974, Mel Brooks frappait fort avec cette folle parodie de western car il s'attaquait à un genre fétiche à Hollywood, aux fondements même de la civilisation américaine, et il repousse assez loin le pastiche avec un humour totalement débridé, parfois à la limite du bon goût (les gags scatologiques et le nom du gouverneur Lepetomane), mais il se montre aussi iconoclaste (un sheriff noir, fallait oser à l'époque) car il détourne certains codes du western et y mêle des anachronismes volontaires.
Brooks s'entoure de ses comparses habituels comme Gene Wilder, Madeline Kahn, Harvey Korman et Dom De Luise, de même qu'il s'est octroyé le rôle secondaire du gouverneur Lepetomane, tandis qu'il donne la vedette à un parfait inconnu dans le rôle du sheriff (encore une blague melbrooksienne). Grosso modo, les références sont assez nombreuses mais on peut y voir une parodie de Rio Bravo vue sous l'angle des Marx Brothers, avec un clin d'oeil au célèbre Hellzapoppin, bref, c'est du délire burlesque avec toutefois au second degré une dénonciation du racisme dans une optique d'humour juif newyorkais qui nourrit tous les films de Mel Brooks.