Premier, et quasi-seul film de Kenneth J. Berton qui y assume de nombreux postes (scénario, réalisation, montage...), El Diablo n'est pas à mettre devant tous les yeux. En effet, c'est issu direct d'un sous-genre que j'apprécie personnellement, l'amateur mou hypnotique.
Et là, faut reconnaitre qu'on n'est pas dans le meilleur lot. Une vieille bonne femme invoque involontairement avec planche ouija un démon qui s'incarne dans une peluche de singe à cymbales. Le jouet finit en cadeau pour Mickael, le jeune enfant de cet histoire. Les plantes se mettent à crever, les mouches tombent raide morte, et David, la paternel du domicile fait des cauchemars. Et pourtant, la maison n'a pas été construite sur un vieux cimetière indien...
Donc toute la première moitié, c'est du vide avec un souffle de silence vertigineux. Ne sauve les meubles que l'étrange doublage qui semble québécois (prononciation anglo-saxonne zarbi des prénoms, voire quelques phrases avec un franc accent québécois). On comprend difficilement la situation familiale, à part que le voisin ne ressemble à rien.
Mais quand notre petit singe commence à hypnotiser de ses rouges yeux la meuf de David pour tenter de buter Mickael, ça fait beaucoup. Et la medium consultée est formelle : il faut surtout ne rien faire pour ne pas que le démon se doute de quelque chose ! A partir de ce moment, le film prend enfin de l'envol nanar, dans une logique débile et surréaliste où le mec a compris que le singe devait être à l'origine du malheur, mais fait comme si de rien n'était. Et donc les drames continuent, jusqu'à ce qu'il manque de se faire tuer sous sa douche par de l'eau chaude (magnifique séquence où il ne parvient pas à sortir de sa douche !).
Obligé d'évacuer le singe d'une manière astucieuse : faire le ménage, mettre la peluche sur la table basse, tenter de la faire tomber par inadvertance feinte dans un sac, rater son coup, le reposer, passer l'aspirateur, le faire cogner dans la table pour enfin enfermer l'immobile jouet dans le sac en carton, et hop, le mettre à la poubelle devant chez lui ! Du grand art !
Bien entendu, ça ne suffira pas, et il faudra un final apocalyptique (avec les moyens du bord) pour que cette histoire se termine... bien ou mal ?
El Diablo n'est donc à voir qu'à partir de minuit, pour les inconditionnels des films ricains fauchés comme les blés, pour qui le travail involontaire sur la bande-son est un élément important. Les fans de peluches de petit singe à cymbales qui tuent en frappant leurs instruments apprécieront eux aussi le métrage.
A noter qu'en 1996, Berton semble avoir participer à un remontage de 20 minutes de son film au sein d'un truc bizarre, sorte de Conte de la Crypte, avec Ernest Borgnine. Aussi bien noté sur imdb que l'original (1.6/10).