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D'une grande beauté
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Le Sorgho rouge est le premier film du réalisateur chinois Zhang Yimou et de son interprète fétiche, la magnifique Gong Li. Et quel début!
On remarque immédiatement l'attention portée à la structuration des plans et à la couleur; ce n'est pas étonnant dans la mesure où Zhang Yimou exerçait auparavant le métier de directeur de la photographie (notamment pour son homologue Chen Kaige!). Ce travail est ici confié à Gu Changwei qui s'en acquitte avec un tel brio que nombre de plans pourraient constituer des tableaux à part entière. C'est bien entendu le rouge, couleur traditionnellement associée à la fois au désir et au monde ouvrier ( soit les deux sujets du film), qui revient comme un leitmotiv. Au début du film, le rouge n'intervient qu'en contraste avec un environnement plutôt terne, comme pour symboliser le décalage entre Jiu'er et l'environnement dans lequel elle est plongée contre son gré. Mais au fur et à mesure qu'elle devient maîtresse de son destin, qu'elle s'intègre à la communauté ouvrière et vit son histoire d'amour, il devient de plus en plus présent: les filtres rouges apparaissent, le vin de sorgho écarlate est de plus en plus présent jusqu'à remplir la majorité de l'image pour finir, lors des derniers plans du film, sur un écran intégralement en contrastes de rouge, magnifique et bouleversant. Mais Zhang Yimou et Gu Changwei ont la subtilité de ne pas se limiter au monochrome, qui pourrait vite devenir lourdingue, et utilisent le contraste à merveille: les filtres de différentes couleurs font ressortir les émotions des différents personnages autant si ce n'est plus que les dialogues et la saturation de plus en plus accentuée au fur et à mesure du film décrit à la fois le cheminement intérieur de Jiu'er, l'imminence de l'Histoire et corolairement la nécessité d'organisation du peuple. Ils délimitent aussi les espaces, distincts et segmentés, du lieu de l'action: le jaune domine pour l'atelier et les chambres, un jaune réconfortant et organique s'opposant au vert profond du désert de sorgho et au beige de l'omniprésente poussière du paysage tandis que la nuit d'un bleu profond, magnifique et surréelle, libère les émotions des personnages qui s'affranchissent momentanément de leur rôle quotidien.
L'histoire, tirée d'un livre de Mo Yan, est belle dans sa simplicité. Elle donne donc une grande latitude aux acteurs pour développer la psychologie de leurs personnages respectifs. C'est un pari risqué pour le premier film d'un réalisateur, surtout lorsque comme Zhang Yimou il n'a pas d'expérience de direction d'acteur. Ce pari est amplement gagné, notamment grâce à l'effarante virtuosité de Gong Li qui livre dès son premier rôle une performance mémorable. Son personnage, neuvième enfant d'une famille de paysans très pauvres, est mariée de force par ses parents à un propriétaire de distillerie lépreux en échange d'une mule. Au cours du voyage vers la demeure de son nouvel époux, elle est séduite par la musculature et le courage bravache d'un des porteurs, Yu et finit par se laisser toucher le pied par ce dernier. Arrivée à la distillerie, elle refuse de consommer son mariage, se défendant de son mari avec une paire de ciseaux. Alors qu'elle accomplissait le traditionnel dernier retour au foyer de ses parents, où son père la sermonne et l'enjoint à retourner auprès de son époux, Yu procède à une sorte de bref enlèvement factice au milieu du champs de sorgho ; les deux amoureux laissent libre cours à leur passion, avant que Jiu'er ne s'en retourne vers la distillerie de son mari, souriante en écoutant les sérénades que lui chante Yu caché dans le sorgho. Toutefois, à son retour au foyer, elle apprend le décès de son mari, dans des circonstances troubles laissant planer l'hypothèse du meurtre. Les ouvriers, effrayés, s'apprêtent à fuir mais Jiu'er, insistant à la fois sur la fierté qu'ils tirent de leur métier, sur leur classe sociale commune et sur leur gestion égalitaire de l'outil de production parvient à les convaincre de rester. La communauté se place sous la direction de l'ouvrier le plus expérimenté, oncle Luohan, centre moral et politique de la distillerie. Je laisse aux futurs spectateurs la joie de découvrir la suite de l'intrigue.
Le Sorgho Rouge est un excellent premier film, à la fois fougueux et pudique, qui représente déjà parfaitement la patte très reconnaissable de Zhang Yimou.
Créée
le 19 déc. 2020
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