Je suis très désappointé car une partie des spectateurs adorent ce film qui n'est qu'un repompé des vieux films freudiens comme le très bon "Le Secret derrière la porte" de Fritz Lang. Et le film de Xavier Legrand aurait aussi pu se nommer comme ainsi, tellement il n'a rien de particulièrement novateur ou de transcendantal. (Allez plutôt voir le Lang). Mais en plus de reprendre des théories psychanalytiques datées, il les filme mal.
Alors qu'il voulait mettre en scène le point culminant de son film ; une mise en tension, une contraction dilatation, la peur et son relâchement, il filme seulement le burlesque de la scène. Comme si Charlot le maladroit avait fait tomber un vase et l'avait cassé. Pleurant abondamment sa perte, c'est avec un fondu enchaîné que vient le nettoyage de la scène. Finalement, la femme brisée ne sera plus vue dans cet état, car le cinéaste l'a nettoyé et le film l'a déjà utilisé pour sa pseudo-scène de tension alors qu'elle restera comme un objet comique malgré elle.
Pour sauver ce qu'il reste à sauver, le diaporama pendant les funérailles est une très bonne scène. Les images n'ont pas le même sens pour le vieux que pour Ellias. Il filme très bien la contradiction des images qui contiennent à la fois la vérité et son absence. Comme le montre l'expérience des fentes de Young, le regard est une action en soi, qui transforme le réel et modifie sa nature. Et la scène fonctionne merveilleusement en comparant ces natures de point de vue.
J'ai un gros regret. Cette comparaison si ludique et émotionnelle ne marche pas pour le reste du film. Du moins, les points de vue ne sont pas équitables. Contrairement à la scène du diaporama, dans lequel les deux visions sont possibles, seul le point de vue d'Ellias sur la salle secrète sera filmé. Il manque à ce film une rigueur éthique pour nous montrer l'antre où cette fille était capturée par les yeux du père. Sans être misérabiliste ou pudique, qu'importe la forme, il nous manque la réciproque de la scène du diaporama.