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Par une journée ensoleillée du mois du mai, Jaco Van Dormael est descendu du plat pays pour gagner la croisette et nous raconte une histoire farfelue mais ô combien mythique.


Pour ceux qui ne connaissent pas ce Terrence Malick Belge (4 films en 25 ans de carrière), Il a pondu 3 films géniaux que je vous conseille promptement (Toto ce héros, Le huitième jour, Mr Nobody), récolté un César du meilleur film étranger, une caméra d’or et il est bien décidé à casser la baraque avec ce nouveau long métrage.


L'histoire est celle de Ea, fille de dieu, qui pour se venger de son tyrannique et sadique de père, décide de transmettre les dates de décès de tout le monde par SMS puis de s’aventurer dans les rues de Bruxelles afin d’écrire le tout nouveau testament avant que le créateur ne la rattrape. Pour ce faire, la jeune fille va devoir trouver au beau milieu du chaos six nouveaux apôtres car cela donnera le nombre de joueurs composant une équipe de baseball, et que le baseball est le sport préféré de sa mère.


A partir de ce moment, on comprend que le film va se découper en huit parties, un peu comme la bible. Il y a une genèse, un exode et surtout six évangiles, où à chaque fois EA va accomplir un miracle avant de déboucher sur une bonne parole de ses élus. Pour autant, l’exercice n’apparait jamais répétitif. Déjà, on voit chaque apôtre évoluer jusqu’à la scène finale, ensuite, chaque apôtre désabusé par sa vie et par la proximité de sa mort annoncée, va vivre son propre fantasme. Ce qui permet au réalisateur de Toto ce héros d’aborder des thèmes aussi variés et controversés que la religion, le transgenre, la zoophilie, l’adultère et le passage à l’âge adulte avec intelligence, légèreté et humour. Les personnages sont quasiment tous exubérants mais ancrés dans la réalité ce qui permet de facilement s’identifier à eux.


Après, si on devait classer ce délire, cela serait du côté du Fell-Good movie totalement décomplexé et non du côté de la satire religieuse que certains attendaient. Son ADN est composé à la fois de la poésie onirique, métaphorique et délicate d’«Amélie Poulain», du côté assez irrévérencieux et décontracté de « Dogma» dans son approche de la religion et surtout de l’univers de Jaco Van Dormael himself, constitué de petites créations visuelles mignonnes et parfois enfantines, comme l'ordinateur utilisé par Dieu est un Apple en référence au péché. Le brassage des références de ce dernier apparait plus comme une subtile réinvention que comme un recyclage grossier ( par exemple la reprise du balai des mains de son spectacle Kiss and Cry) et ce qui arrive à donner une identité propre a cette oeuvre .


Le tout est soutenu par une mise en scène qui regorge d’idées, jouant par moment avec le quatrième mur (voix off, regards et paroles directement adressés au spectateur), où chaque plan minutieusement travaillé nous émerveille pendant près deux heures.


Le casting a été vraiment bien choisi. Il m’est impossible d’imaginer un autre acteur que Benoit Poelvoorde pour jouer Dieu, quand on connait son aisance à jouer les petites teignes tyranniques qui s’en prennent souvent plein la « gueule ». Yolande Moreau est en grande forme dans le rôle de la discrète femme de Dieu. Les acteurs jouant les apôtres sont ahurissants de justesse. On citera par exemple, un François Damiens parfait dans un rôle exploitant à la fois son jeu déjanté mais aussi une sensibilité que l’on commence à lui connaitre et une Catherine Deneuve se donnant à fond dans le rôle le plus osé de sa carrière. Puis, il y a la jeune révélation Pili Groyne (EA) déjà dotée d’un jeu stupéfiant de maturité et d’aisance.


Avec toutes ces qualités, on ne peut qu'être surpris que le film ait été projeté à la quinzaine des réalisateurs et non en compétition pour la palme mais d’un côté Jaco Van Dormael a peut-être été un peu trop confiant en mettant « le carnaval des animaux » dans son film.


Pour résumer, le tout nouveau testament est un véritable moment de cinéma dont on en ressortira avec des zygomatiques endoloris de plaisir, un sourire éclatant et des traces de larmes sur nos joues, reflétant l’émotion que l’on a ressenti et qui restera encore présente dans notre mémoire pendant plusieurs jours. Bref, il fait partie d’un de ces films qui nous rappelle à quel point le cinéma peut être une invention merveilleuse lorsqu’il est mis entre de bonnes mains.


critique issue de: http://cinematogrill.e-monsite.com/articles/festival-de-cannes-2015/le-tout-nouveau-testament.html#sSLJsImO3GuJqTih.99

Cinématogrill
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le 22 nov. 2015

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