John Huston, cinéaste des films de genre, et notamment du film d’aventures, d’entertainment à l’américaine, hollywoodien par excellence, précurseur en quelque sorte des S. Spielberg, G. Lucas et consorts, tenait néanmoins à la psychologie des personnages, à un discours moral, à une mise en scène, soient-ils simplifiés de manière à ne pas trop dérouter le spectateur lambda.
Ainsi, dans le trésor de la Sierra Madre, à l’image de l’homme qui voulut être roi, il reprend la question de la vénalité de l’homme avec des personnages pas toujours exemplaires dans une histoire ne négligeant ni suspens ni rebondissements. Néanmoins, la psychologisation des caractères est ici moins caricaturale, le regard sur les étrangers moins stéréotypé, les références historiques plus fiables, la patte du dramaturge moins visible, le suspens mieux entretenu, le spectaculaire minimaliste.
Par ailleurs, Huston se démarque par un beau noir et blanc (surtout dans la première partie, en ville, avant l’expédition), un cadre et un décor humbles, une économie de moyens, une absence de grands effets qui ne le caractérisera pas autant dans ses œuvres postérieures. Le jeu des acteurs tient aussi de cette mesure contenue, tout comme leur rôle, leur situation pouvant apporter des conflits plus violents et des émotions plus extrêmes ; or Huston ne veut pas en faire trop, si bien que, sous la présence de Howard (Huston père), figure paternelle du trio assurant paix et sagesse, les personnages entretiennent des liens plutôt fraternels, malgré des disputes passagères, et gardent leur esprit, quoique Dobbs déraille par moments, donnant lieu à une amitié surprenante dans des conditions si austères, sauvages et isolées – car, soyons honnête, jusqu’au départ du père, il manque un peu plus de folie, de cruauté et de sang, même s’il est vrai que la bienséance d’alors l’interdisait.