Vienne endormie

Ce qui m'a surtout plu dans Le Troisième Homme, c'est les images de la ville de Vienne dans l'après guerre. Cette ville à moitié en ruines, montrant encore les stigmates de plusieurs années de combats et de bombardements. La capitale autrichienne est elle-même presque morte. Les rues sont vides, seulement animées de temps à autres par les personnages que l'on suit. On voit d'ailleurs clairement leur solitude lorsqu'ils se déplacent à travers la ville.

Vienne ne se réveille seulement à quelques moments du film, lorsque le bambin suit Holly Martins à travers les rues, suivi par des habitants, ses cris résonnant sur les pavés. Aussi, lorsque Harry et Holly sont dans la grande roue, comme volant au-dessus de la ville, et que d'un coup les rues sont de nouveau pleines et agitées, mais remplies de visages inconnues et méconnaissables de si loin.

Et bizarrement, c'est dans les égouts, peut-être les abris de la période de guerre, qu'il se passe le plus de choses. Que les voix et les bruits de talons des policiers résonnent dans les couloirs sinueux et sombres. Et que les conflits se résolvent enfin.

Tout le film joue avec les ombres d'ailleurs, accentuées magnifiquement par le noir et blanc de la pellicule. Signe de la dualité, du côté manichéen et de l'opposition ensuite entre Harry et Holly.

Et Harry justement. Il y a bien sur cette incroyable présence de Orson Welles, son regard énigmatique, son sourire moqueur, son ombre pesante que l'on voit venir et qui se fait longtemps attendre avant d'apparaître devant nous à la lumière.

A côté de ça, j'ai malheureusement été un peu peu déçu par le scénario. Je m'attendais à quelque chose de plus intense, inattendu, plus surprenant que ce à quoi j'ai assisté. Même si on suit une énigme pendant 1h40, il n'y a que peu de moments de tensions (les égouts justement), et le rythme est assez lent.

Je vais cependant essayer de regarder vite d'autres films avec Orson Welles, pour essayer de retrouver ce sourire goguenard et ces yeux malicieux.