Dans les années 1960, on aimait bien les films de gangsters avec des mecs en imper, en chapeau, un flingue et une 404. Cela dit, ce film japonais n'est pas un Lino Ventura...

Le scénario est trop compliqué pour être résumé autrement que sommairement : un yakuza dont le patron s'est rangé, Tetsu, se retrouve au milieu d'une guerre des gangs alors qu'il veut faire profil bas. Son patron l'envoie donc au vert, mais la loyauté de notre héros sera mal payée de retour...

Ne vous trompes pas, c'est un film expérimental, à la "A bout de souffle", quoiqu'avec des aspects plus commerciaux et des imperfections.

D'abord les scènes d'action sont très stylisées, la spécialité du héros étant de pouvoir se retourner très vite et dézinguer des ennemis à la chaîne. Il est aussi fort rapide pour éviter les balles en plongeant et rattraper son pistolet dans des trajectoires improbables. La scène de début a été pompée par Tarantino dans "Réservoir dogs", avec un noir et blanc très vaporeux (ça me rappelle quand j'ai mal nettoyé mes lunettes). Quand le héros est à terre, évanoui, on a une succession de plans fixes représentant le port vide, comme si l'univers attendait le réveil du héros. Puis on passe à la couleur. Une couleur vive, acidulée : boîtes de nuit où l'on danse le twist, gros téléphones rouge ou vert des sixties, ce genre de choses. Lors du passage dans la neige, il y a des filtres sur une seule partie de l'écran, innovation assez incongrue. Les décors de nightclub font studio, notamment celui où la fille chante. J'aime bien le passage où le héros tire sur un autre gars depuis derrière une colonne : invraisemblable, mais plastiquement beau. J'aime bien aussi le passage de la voiture dans le four, puis dans la presse - assez gratuit, mais joli.

Vous l'aurez compris, il y a beaucoup de violence dans ce film : un oeil crevé, un visage défiguré, une main estropiée (pauvre Viper, il les cumule), et je ne compte pas les morts. Le problème, c'est que cette violence est quasiment continue : les scènes d'exposition sont si brèves et sèches que l'on n'a pas le temps de comprendre ce qui se passe. Du coup on est moins investi émotionnellement... Il aurait suffi de prolonger certains plans de quelques secondes. Au lieu de ça, on a un film haletant, qui laisse le spectateur essoufflé. Les personnages ont un charisme, une aura dramatique certaine, mais ils sont tirés dans trop de direction à la fois et donnent l'impression de se marcher les uns sur les autres.

Pour une fois, on a un film trop court pour être complètement réussi. D'après wikipedia, cela s'expliquerait par ses conditions de production.
zardoz6704
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le 1 sept. 2013

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zardoz6704

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