Troisième collaboration sur un total de sept d'un des tandems incontournable du Grand Ouest, le spécialiste de la série B Budd Boetticher et le charismatique Randolph Scott, ce film fait partie des moins connus du cycle et est trop souvent mésestimé! C'est loin d'être le cas chez moi tant je le trouve riche et bien écrit!


Partant d'une trame finalement assez classique, une ville sous la coupe d'un despote (on pourrait être dans le Lago de L'homme des hautes pleines, la violence en moins) mettant en avant la lâcheté et la passivité de ses habitants, Boetticher nous propose une étude sur la "grandeur" de l'être humain! Condensé, comme à son habitude (74mn), il s'appuie sur l'écriture du très rare Charles Lang, pour nous offrir un western urbain bien plus subtil qu'il ne le semble au premier abord! On est bien loin du héros sans peur et sans reproche débarquant avec colt et cigarillo, tatanant et talochant à tour de bras du bandit tout en montrant la voie à suivre à ces enfoirés d'habitants aussi lâches que couards!
Non, chez Boetticher le héros peut se monter instable et obsessionnel, le méchant peut faire preuve de courage, la fille à papa peut se montrer plus raisonnable que son père et la fille de petite vertu peut en avoir finalement beaucoup.. de vertu! En effet, rien n'est tout blanc et tout noir et on a envie par moment tout aussi bien de baffer Bart Allison (le gentil) que de soutenir Tate Kimbrough (le méchant)!


Pour incarner Allison, cet homme qui traîne sa volonté de vengeance depuis trois ans en même temps que sa peine, cet homme brut de brut qui n'y va pas par quatre chemins, cette homme qui préfère se voiler la face et concentrer sa haine sur celui qu'il imagine comme seul responsable, cet homme suffisamment désespéré pour ne plus avoir peur de la mort, un excellentissime Randolph Scott! Un Scott certes en fin de carrière (et qui ne tournera ensuite plus que 5 films) mais dont l'aura ne semble pas atteinte par les années qui passent bien au contraire! Un Scott à la fois drôle, grande gueule , trompe la mort mais terriblement attachant! Peut-être bien une des meilleurs rôle de sa carrière!
On est pas en reste avec Tate Kimbrough interprété par John Caroll lui aussi en fin de carrière et qui nous propose un personnage a priori détestable mais qui finit par montrer quelques failles et finit par faire preuve de courage tout en ayant beaucoup de recul sur sa propre personne! Pour accompagner ce duo masculin, deux femmes de caractère, rivales, qui ne sont pas là que pour faire tapisserie! La blonde Lucy Summerton (Karen Steele) promise à Tate mais qui finira par s'émanciper des décisions de son père, et la brune Valérie French , amante de Tate qui jouera un rôle aussi primordial qu'inattendu dans le final!


Avec ce quasi huis clos, Boetticher nous offre une excellente série B qui n' a rien à envier aux "grands" films en surpassant même la plupart, portée par Randolph Scott montrant l'étendue d'un talent malheureusement pas assez souvent apprécié à sa juste valeur ! Une oeuvre pas forcément élogieuse sur le genre humain mais pas dénuée d'optimisme pour autant! Rarement le poor lonesome cowboy quittant la ville n'aura aussi bien été interprété que lors de la scène finale....

Kowalski

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