Le Zinzin d'Hollywood par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Ce n'est pas la joie pour le grand patron des studios de production hollywoodiens "Paramuntual Pictures". Depuis un certain temps celui-ci constate un certain laisser-aller et pas mal de gaspillage à l'intérieur de son entreprise, ce qui entraîne un grave problème financier. Le directeur veut essayer d'en avoir le coeur net. Pour cela il tombe par hasard sur Morty S.Tashman, un colleur d'affiches maladroit et benêt et lui propose d'en faire un garçon de courses. Par cette activité le jeune homme aura accès à tous les services de cette immense société et deviendra ainsi "les yeux" de son patron. Morty prend bien sûr sa tâche très à coeur toutefois il est difficile d'être plus maladroit que lui et ce garçon de courses très particulier va semer inconsciemment un vent de panique au sein des studios. Malgré tout, on découvrira qu'il se passe vraiment beaucoup de choses pas très nettes à la "Paramuntal Pictures"...

Bien entendu ce sont les Studios de la Paramount qui sont brocardés dans cette oeuvre. Nous voici plongés dans l'univers de ces immenses studios où, au travers de ses courses effrénées, Morty S. Tashman nous fait découvrir toutes les facettes des activités des lieux en passant des services administratifs, aux surprenants magasins de décors et d'habillements aux "délires" des plateaux de tournage. Morty remplit sa tâche avec une bonne volonté exemplaire et une naïveté maladive. Il subit les sarcasmes des petits chefs "brosse à reluire" sans broncher, il subit encore les moqueries des employés et, mine de rien, il devient presque une attraction ou un danger pour son entourage et sa renommée n'est plus à faire. Par son insigne maladresse le courrier est mal distribué, des tournages sont ratés et à refaire, sa hiérarchie est agacée et pourtant l'enquête de notre ancien colleur d'affiches progresse malgré lui. Il est en fait l'instrument innocent susceptible de sauver la grande entreprise du naufrage, ce que n'ont pas réussi à faire tous les hauts dirigeants incompétents, plus préoccupés par leurs intérêts personnels que par l'art cinématographique.

Beaucoup de cinéphiles estiment que le style Jerry Lewis a mal vieilli et c'est pourquoi, catégoriquement opposé à ce jugement, je tiens à faire découvrir ses films sur ce blog. Je vous ai parlé avec beaucoup d'enthousiasme de "Docteur Jerry et Mister Love" sorti en 1963 et qui reste pour moi un chef-d'oeuvre absolu. Dans le film que j'aborde ici les traits du personnage brossés par l'artiste n'ont jamais changé. L'homme est complexé, laid, mal fagoté et de plus entiché d'une voix incomparable. Il est aussi gaffeur, maladroit autant dans ses gestes que dans le relationnel, notamment avec les femmes. Son état en fait un solitaire; pourtant c'est un garçon au grand coeur, toujours prêt à aider et à faire plaisir. En fait on ne peut trouver plus sincère et sensible. Il dénonce avec succès une société injuste ayant perdu tout brin d'humanité, une société où chacun ignore l'autre. Ce film est loin d'être uniquement un divertissement. Par son style loufoque et les inimitables grimaces de l'acteur-réalisateur celui-ci parvient à mettre à nu devant les spectateurs toute sa sensibilité et son mal-être. Heureusement notre "anti-héros' tombe toujours sur la "perle rare", celle qui donne un peu d'espoir et de morale dans une société pervertie. Jerry Lewis a bien sûr réalisé ce film mais il en a également écrit le scénario. Ils nous offre une cascade de gags ce qui rend cette oeuvre trépidante et surprenante du début à ma fin. C'est ainsi que l'on peut passer du rire avec entre autres les scènes de l'embauche ou de la piscine (ne la manquez pas!), à l'émotion avec ce dialogue poignant qu'il entretient avec une petite marionnette à laquelle il fait part de ses états d'âme.

Une nouvelle fois Jerry Lewis est prodigieux, inventif et sincère. Il se bat à sa manière contre un monde qu'il trouve injuste et par son génie du burlesque il parvient sans aucune agressivité à nous convaincre et par-delà à faire passer une fameuse et incomparable leçon de morale, de justice et d'espoir. Il nous rappelle que dans cette société, même les plus humbles ont leur utilité et peuvent être parfois indispensables. Il nous rappelle également que le "savoir" et les mondanités ne sont que des leurres par rapport à l'honnêteté et au bon sens...

- Jerry souffre-douleur :
http://www.senscritique.com/film/Jerry_Souffre_douleur/critique/22006223
- Docteur Jerry et Mister Love :
http://www.senscritique.com/film/Le_Zinzin_d_Hollywood/critique/21682802
- Cendrillon aux grands pieds :
http://www.senscritique.com/film/Cendrillon_aux_grands_pieds/critique/23341900
Grard-Rocher
8
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le 26 déc. 2013

Modifiée

le 21 mai 2013

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