Qu'il est loin le temps où le grand Samo Hung dominait l'industrie du cinéma de Hong Kong ! Véritable golden boy des années 80, le gros chorégraphe entame un lent déclin avec les années 90. Le siècle nouveau marque le naufrage définitif de la carrière de ce génie de l'action. Car si l'on peut sauver une poignée de métrages de sa filmographie récente (Sha Po Lang, Dragon Squad), l'essentiel de celle-ci est composée de titres indignes de l'homme. Legend Of The Dragon fait malheureusement partie de ces œuvres médiocres que vient traverser un Samo ayant pris un sacré coup de vieux.

Pourtant, on ne peut pas nier les bonnes intentions de Johnny Lee et de ses scénaristes. Legend Of The Dragon se veut ainsi promoteur de valeurs positives à travers les notions de respect et de maîtrise de soi liés aux arts martiaux ainsi que dans la redécouverte de la nature et de ses valeurs moins matérialistes (l'opposition, un poil romancé, entre Hong Kong et la Chine Continentale). Une large portion du film est également dévolue aux relations sentimentales de toutes sortes que connaissent les personnages. Evidemment, ce sont les notions de famille, d'amour pur et d'amitié inébranlable qui priment. Une orientation cohérente au regard de l'esprit positif auquel aspire le long métrage.

Hélas, comme souvent, les bonnes intentions ne suffisent pas à donner naissance à un bon film. Et c'est au moment de la transformation de ces idées en images que les problèmes commencent.
Première déception, Legend Of The Dragon est tourné dans une simili DV et exhibe une photographie d'une incroyable platitude, aux couleurs extrêmement fades. Autant on peut encore l'accepter à Hong Kong, autant c'est très désagréable dans la partie Chinoise du récit où cette image terne empêche de vraiment visualiser l'éclat de la campagne et apprécier la beauté de certains paysages. La réalisation de Lee n'arrange pas les choses, soit trop illustratives, soit se complaisant dans des détails risibles (la guêpe qui sort de l'herbe !).
Seconde déception, le décalage dans la manière de jouer des différents comédiens. Dans une optique très Hong Kongaise, Legend Of The Dragon mange un peu à tous les râteliers, de la comédie au drame sentimentale en passant par l'action. Jouer sur ces différentes gammes peut s'avérer délicat et il appartient au réalisateur de maintenir une unité à l'ensemble. Johnny Lee n'en a pas été capable. Certains acteurs sont sérieux comme des papes (Samo, Liang Jin Ke) alors que d'autres cabotinent à outrance (Huang Xiao Ming, Timmy Hung). Un décalage probablement à vocation comique mais qui brise l'esprit du film et ne s'avère même pas drôle faute de talent des jeunes acteurs en la matière (faire continuellement des vieilles grimaces, on a vu plus inspiré comme humour). Ils avaient pourtant un bon exemple à suivre en la personne de ce bon vieux Richard Ng qui démontre qu'il est possible d'être à la fois sérieux et amusant !
Mais le plus criminel tient à l'action. Si l'on est de bonne humeur, on passera outre la faible quantité des combats (2 à tout casser). Par contre, il est tout bonnement impossible de fermer les yeux sur leur médiocrité. Au moment du tournage, le fait que Samo et Leung Kar Yan se retrouvent à nouveau à travailler ensemble après près de 30 ans avait fait l'objet de pas mal de publicité. Selon Hung, les deux hommes avaient pris beaucoup de plaisir à retravailler ensemble, n'hésitant pas à se battre comme à la grande époque. On aurait aimé que cela se voie à l'écran. Car ce fameux affrontement tant attendu est un honteux pétard mouillé. La chorégraphie est pauvre en diable (les enchaînements ne dépassent pas 3 coups), le montage est sans vie. A coté de ça, le combat Huang Xiao Ming/Carl Ng fait presque réussi (attention ! Le mot clé de cette phrase est « presque »)...

Pour notre plus grand malheur et malgré ses thèmes gentillets, Legend Of The Dragon ne peut être considéré autrement que comme un triste ratage. Heureusement que Samo se retrouvera peu après aux génériques de SPL et Dragon Squad autrement on aurait donner peu cher du reste de sa carrière.
Palplathune
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le 24 févr. 2011

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