Y a t-il un chevalier pour sauver l'Empereur ?

La référence affichée de ce Legend of the Owl, ce sont les Wu Xia Pian de Chor Yuen dont il reprend toutes les ficelles (titre, méchant masqué dont il faut découvrir l'identité, héros enquêteurs, forteresse remplie de passages secrets...). Mais Derek Yee, Jamie Luk et Eric Tsang reprennent les codes du genre pour mieux les dynamiter par une avalanche d'absurde et de non sens. En cela, ils sont parmi les précurseurs du Mo Lai To qui deviendra si apprécié du public au début des années 90.

Legend of the Owl affiche donc la structure classique de ce type de métrage avec la présentation du méchant et de ses plans, l'implication des héros et leur investigation pour atteindre le repaire de leur Némésis jusqu'à l'affrontement final. Mais ces séquences types sont à chaque fois l'occasion de parodies (Les Dents de la Mer, Mission Impossible, Star Wars, les Lau Kar Leung...), de références anachroniques, de jeux de mots (noms des personnages) et autres détournements comiques des habitudes du genre (le combat de fin est interrompu par des infirmiers qui ramassent les blessés ou les pièges du repaire de la Chouette sont tributaires des capacités des employés de les utiliser). Le résultat est détonant, rythmé et constamment drôle, digne de ce que feraient les ZAZ avec un tel matériel (un gag est d'ailleurs repris tel dans Y'a t-il un pilote dans l'avion ?).

David Chiang était alors dans une période déclinante de sa carrière et prêt à jouer n'importe quel rôle. La star n'était cependant pas à son premier coup d'essai en matière d'auto parodie. Sa première réalisation, A Mad World of Fools, se jouait déjà de son image héroïque et il le fait à nouveau avec naturel et talent pour Legend of the Owl. Tsang était lui au tout début du meilleur de sa carrière, ayant abandonné le travail ingrat du simple cascadeur, pour se consacrer aux taches hors caméras (scénario et réalisation). Legend of the Owl porte en partie sa marque comique, également à l'œuvre sur certaines de ses réalisations et productions postérieures. Mais c'est surtout les débuts pour l'homme en tant qu'amuseur public. Bien qu'il manque encore quelques unes de ses caractéristiques essentielles (la voix), Tsang sait déjà mettre en avant son physique rondouillet et son visage expressif pour attirer la sympathie et les rires. Il affinera son style avec le succès qu'on connaît les années suivantes.
Palplathune
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le 2 mars 2011

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