Chi Bi Chi Bi (Version long soit 5 heures de films).

John Woo, réalisateur aux multiples talents, qui, après une incursion aux États Unis de quelques années, décide de revenir en Chine (pour le plus grand bonheur de ses fans) afin de réaliser « Les Trois Royaumes : Red Cliff ».

Film battant tous les records de box office en Chine, mais aussi au niveau budgétaire, puisqu’il est en effet, le film le plus cher de l’histoire du cinéma chinois.

Les Trois Royaumes, c’est avant tout un roman historique écrit par Luo Guanzhong (XIVe siècle) relatant la fin de la dynastie Han et la période des Trois Royaumes (220-265).

Étant presque impossible d’adapter cette œuvre au cinéma, John Woo décide donc de ne traiter que La bataille de la falaise rouge (Red Cliff).

Il faut savoir que la « véritable » version est « coupée » en deux parties chacune durant 2h30. Le film faisant donc au total, 5h. En France, lors de sa sortie en salle, nous avons eu le droit à une version remontée durant 2h25. Fort heureusement, une version blu ray en 2010 est sortie avec la version longue incluse ! (une seconde version, de 2013 est disponible dans les fnac).

« Cao Cao, premier ministre de l’empereur Han pousse celui-ci à attaquer le Royaume de Shu.
Cao Cao souhaite s’emparer du trône une fois l’empire unifié. Liu Bei dirigeant de Shu propose une alliance au jeune seigneur du Royaume de Wu : Sun Quan par l’entremise de Zhuge Liang conseiller de Liu Bei, pour se défendre contre la menace représentée par Cao Cao. Furieux, ce dernier lance son attaque en hiver 208 (Après J-C) sur le Yangzi Jiang avec 800 000 Soldats et 2000 navires. Le commandant des troupes de la coalition est, Zhou Yu stratège du Royaume de Wu et ami de Zhuge Liang. Les deux armées s’affrontent lors de la bataille de la falaise rouge… »

La première partie du film permet de mettre en place les personnages. Mais surtout de voir l’alliance de Liu Bei et Sun Quan se former petit à petit pour combattre l’armée de Cao Cao.

Il y a très peu de batailles, mis à part une. Et attention, c’est du grand art. La chorégraphie est vraiment poussée avec des combats magistraux, je pense notamment à la scène des miroirs. Tout est orchestré de façon à ce que le spectateur ne s’ennuie pas.

Nous apprenons la motivation principale qui pousse Cao Cao à attaquer les royaumes. Et ce n’est pas que pour le pouvoir… Il fait tout ça, pour une femme…

Cela me fait étrangement penser à la Guerre De Troie, avec quelques différences. Là où Ménélas utilisait l’enlèvement de Hélène (par Pâris) pour assiéger Troie, ici, c’est plutôt l’inverse, il décide « d’assiéger » pour « enlever » la femme qu’il veut. (Pour éviter le spoil, je ne dis pas son nom).

On ne s’ennuie pas une seconde, les scènes s’enchaînent avec justesse le tout porté par une magnifique musique composée par Taro Iwashiro.

La scène qui restera gravée dans ma mémoire est celle de la rencontre entre Liu Bei et Sun Quan. Ils jouent du Qin (maintenant appelé Guqin, famille des Cithares), le jeu de regards, la musique, le montage, tout joue pour que nous restions scotché. C’est, d’une certaine façon, un test entre les deux personnages. Rien qu’avec ceci, ils se parlent et en apprennent plus sur la nature de chacun. Sublime.

La deuxième partie se concentre sur la stratégie et la bataille de la falaise rouge. Toute la tension installée avant explose petit à petit.

Ici, il y aura un peu plus de « mouvement », les deux camps n’étant séparés que par la mer, un « jeu » se fera entre les deux pour baisser le moral des troupes un maximum, pour enfin se finir par la bataille. De nombreuses stratégies sont audacieuses, particulièrement celle des récupérations de 100 000 flèches. Qui en plus se paye le luxe d’avoir une mise en scène remarquable.
Parlons technique.

Le mélange entre le CGI (les effets spéciaux) et les réelles images se fait sans aucun soucis. Par exemple le passage de la colombe traversant la mer séparant les deux camps est remarquable et ne choque pas les yeux. En parlant de colombes, c’est quelque chose de récurant chez John Woo, elles symbolisent la paix, mais aussi une raison de croire encore à la vie. Les colombes apparaissent souvent durant un champ de bataille dans ses films.

Au niveau de l’esthétisme pur des images et bien nous avons affaire à du grand, du très grand. Et cela n’étonne pas quand on sait que le directeur de la photographie n’est autre que Zhang Li. Facilement reconnaissable par ses gros plans, il met en valeur les acteurs avec un jeu de lumière remarquable qui apaisent le spectateur. Comment ne pas tomber sous le charme de Chiling Lin durant la séquence du Qin ? Le peu de profondeur de champ fait ressortir chaque protagonistes et le bokeh soyeux (Aspect rond des tâches de couleurs sur le flou d’arrière plans et permet une transition plus franche avec la zone nette) donne à l’image du caractère, on est émerveillé par ce magnifique travail.

Les séquences de batailles ont dû être extrêmement difficile à mettre en place niveau lumière et mise en scène. Il faut savoir que l’armée chinoise a participée au tournage. C’est en effet 1000 soldats qui faisaient office de figurants pour les troupes !

Quand on regarde Les Trois Royaumes, on ne peut s’empêcher de penser à du Kurosawa à certain moment. Il y a beaucoup de plans (durant les batailles) ayant le même mouvement de caméra, le même montage que dans « Shichinin no Samurai » (Les Sept Samourais) 1954. Mais aussi la fin, cette idée du héros qui a perdu, qu’il n’y a jamais de gagnant dans une guerre.

Les Trois Royaumes fut pour John Woo, son hommage à Kurosawa. C’est un des réalisateurs qu’il respecte le plus.

Les Trois Royaumes est une œuvre qui se laisse déguster sans modération, poignant, surprenant. Chaque moment du film nous fait ressentir une émotion. Les cinq heures se laissent regarder sans aucun soucis tellement nous sommes transportés par ce moment magique qui nous vient de Chine !

Jetez-vous dessus, le cinéma asiatique étant plutôt discret en occident, il serait bien dommage de se priver de cette merveille.
KevinTudeau
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le 3 nov. 2013

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KevinTudeau

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