Nous n'attendions pas grand-chose du nouveau millésime Tarantinien. A vrai dire, refroidis par la médiocrité assez affligeante de ces trois précédents long-métrages, nous n'attendions même plus rien. Surprise ! Le dernier film de Quentin Tarantino est un bon film et même son meilleur depuis Jackie Brown, retrouvant au passage une inspiration plus personnelle et moins facilement pastichée de ses productions récentes.
Mieux écrit et étoffé que Django Unchained, moins lourdingue que Kill Bill Vol.1 ou Inglourious Basterds, Tarantino ne se perd pas cette fois-ci dans des méandres de style scabreux. S'il convoque habilement trois styles : le western, le huis-clos et le gore, c'est pour agencer une histoire riche en humour noir et rebondissements. Par une mise en scène plus sobre qu'à l'habituelle chez lui mais avec un montage bien plus précis et savamment orchestré, il enrichit la profondeur de sa narration et rend ces longs dialogues assez savoureux à suivre, sans tomber dans la redite bavarde. Le rythme est donc beaucoup moins démonstratif et creux.
Le casting est également bien mieux dirigé que dans le précédent western, au fade Jamie Foxx et oscarisable Di Caprio, il confie le jeu à un Samuel L. Jackson qu'on avait pas vu depuis aussi longtemps en forme et convaincu de ce qu'il fait et un Kurt Russell simplement génial de bougon-nerie machiste et cabotine. Jennifer Jason Leigh et Walton Goggins sont énormes dans le rôle de ces quasi pouilleux sudistes décérébrés et Tim Roth fait un retour tout en élégance dans l'univers du réalisateur. C'est face à ce film combien on mesure le manque d'investissement de Tarantino dans la direction d'acteur depuis Boulevard de la Mort (qui est vraiment un film inutile). Pour notre plus grand plaisir, il a l'air de se ressaisir sur ce plan-là.
La photographie est également bien plus élaborée sur cet opus que le précédent, c'est vraiment une bonne idée d'avoir situé l'action dans la neige et le blizzard, ainsi Robert Richardson et son metteur en scène ne sont-ils pas obligés de se soumettre aux codes visuels hérités purement du Western, ce qui était assez raté sur Django (comparé aux prises de vue d'un Sergio Leone, d'un Howard Hawks ou d'un Samuel Fuller, l'esthétique visuelle de cet avant-dernier film était très impersonnelle et trop éloignée d'une représentation purement cinématographique du Texas et du Sud raciste de la fin du XIX°).
Un sacré bon film.

HRVGriffon
7
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le 2 nov. 2016

Critique lue 136 fois

HRVGriffon

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