Un blizzard à couper au couteau, une auberge du Wyoming peu rassurante, une intrigue prenante…

En ce début d’année, les nombreux sabres lasers ont laissé place dans nos cinémas à des colts bien plus ravageurs. Si les Jedis ne tuent plus vraiment, les Cow-boys, eux, massacrent tous ceux qui se dressent sur leurs chemins !


Un sentiment de froid polaire s’installe grâce aux plans panoramiques efficaces, découvrant ainsi un décor montagneux, empreint à une tempête de neige des plus violentes. La caméra se meut lentement auprès d’une sculpture du Christ sur sa croix, comme pour signifier le sort funeste des protagonistes. Au loin, une diligence brave les intempéries pour trouver refuge.


Découpés en chapitres (marque de fabrique Tarantinesque) l’introduction du film nous permet de bien cerner les personnalités et enjeux de chacun de ces truands. Une fois réunis sous le même toit, le jeu des faux-semblants peut commencer. Lentement mais sûrement, les relations se lient puis se brouillent pour faire place à un massacre des plus sanglants de sa filmographie.


Peut-être trop lentement… Car si la majeure partie des dialogues sont percutants, drôles et jouissifs, le film pâtit de longueurs inhérentes au récit. Certes, les westerns comme Les Sept Mercenaires ou Les Douze Salopards, auxquels rend hommage Tarantino distillent aussi un temps long. Mais a contrario, ceux-ci ne se déroulent pas sur une même unité de lieu et permettent donc d’apporter plus d’action à travers les chevauchés fantastiques dans les splendides déserts américains. C’est l’une des seules faiblesses de ce film.


Au casting, on retrouve la garde rapprochée de Quentin Tarantino. Samuel L. Jackson exceptionnel en chasseur de primes, porté par des dialogues écrits sur mesures, notamment une scène, pouvant rappeler sa tirade biblique dans le classique Pulp Fiction. On retrouve aussi Kurt Russell très convaincant après Death Proof. Tim Roth signe ici une bonne performance en tant que bourreau anglais au sourire narquois. Cependant, elle souffre beaucoup de la comparaison avec celle de Christoph Waltz dans Inglorious Basterds, ce qui lui donne moins de poids. Enfin, Michael Madsen assez méconnaissable, ne trouve pas vraiment sa place et ne tire pas profit du rôle qui lui a été confié. On est très loin de retrouver une scène marquante comme celle de l’oreille découpée de Reservoir Dogs. A noter tout de même, deux acteurs tirent leurs épingles du jeu. L’excellent Shérif qui ne cesse d’évoluer tout au long du récit. Joué par Walton Goggins, il apporte une vraie plus-value au film. Ainsi que la prisonnière destinée à être pendue, interprétée par Jennifer Jason Leigh. Complètement cinglée, fêlée, elle occupe une place centrale dans le récit et lui permet à l’actrice de réaliser son grand retour sur le devant de la scène depuis eXistenZ de David Cronenberg.


En filmant en Ultra Panavision 70mm, pour la première fois depuis 1966, Quentin Tarantino souhaite rétablir l’authenticité sur nos écrans. Ce format très large sert notamment à magnifier les paysages blancs en début de film. Mais il permet aussi d’intégrer près de la moitié de l’abri dans un seul plan, afin d’inclure plusieurs des salopards en même temps à l’écran, ce qui accentue la tension. En termes techniques, un travail de restauration du matériel ancien a dû être effectué pour remettre en état de marche ces vieux objectifs et les adapter aux caméras actuelles.


Enfin, Quentin Tarantino s’est permis de travailler en collaboration avec l’immense Ennio Morricone pour la bande originale. Si celle-ci semble être un peu répétitive, elle n’en est pas moins superbe et colle parfaitement au récit.


Verdict


Pour ce film, Quentin Tarantino a bénéficié d’un budget 2 fois inférieur à celui de Django. La faute peut-être à un scenario qui a fuité trop tôt, et qui par la suite, a dû être modifié à plusieurs reprises.


Il n’en demeure pas moins très amusant et violent. C’est tout ce que l’on demande à notre cher Quentin bien aimé du grand public !

Kevin_Robert
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le 17 nov. 2019

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Kevin Robert

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